Depuis le début en 2011 du conflit en Syrie, le régime de Bachar al-Assad a été accusé d'atteintes aux droits de l'Homme et mis en cause pour de multiples cas de tortures, viols et exécutions sommaires.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 60 000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime et un demi-million de personnes sont passées dans ces geôles depuis 2011.

La Commission d'enquête de l'ONU a accusé maintes fois les parties en conflit de commettre des crimes de guerre, et dans certains cas, des crimes contre l'humanité.

« Archipel de la torture »

En juillet 2012, Human Rights Watch (HRW) parle d'un « archipel de la torture » : « recours à l'électricité », « agressions et humiliations sexuelles », « arrachage des ongles » et « simulacres d'exécutions ».

Selon l'ONG, il existe 27 centres de détention gérés par quatre des principales agences de renseignement du régime syrien, les « moukhabarat ». Outre des bases militaires, stades, écoles et hôpitaux sont utilisés aux mêmes fins.

Dossier « César »

En 2014, un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », révèle des photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s'est enfui de Syrie en 2013, en emportant 55 000 photographies effroyables.

Il explique que son travail était de prendre en photo les cadavres pour le ministère de la Défense. « J'ai vu des photos horribles de corps de gens qui avaient subi des tortures », raconte-t-il : blessures profondes, traces de brûlure et d'étranglement. Des yeux sortis de leurs orbites. Des enfants et des femmes battus.

« Extermination »

En février 2016, des enquêteurs de l'ONU affirment que le grand nombre de détenus morts « suggère que le gouvernement est responsable d'actes qui relèvent de l'extermination et sont assimilables à un crime contre l'humanité ».

En février 2017, Amnistie internationale accuse le régime d'avoir pendu quelque 13 000 personnes entre 2011 et 2015 dans la prison de Saydnaya près de Damas. Ces pendaisons s'ajoutent aux 17 700 personnes tuées dans les geôles du régime qu'Amnistie avait déjà recensées.

Le rapport se base sur des entretiens avec 84 témoins, dont des gardiens, des détenus et des juges. La plupart des victimes étaient des civils.

En mai 2017, les États-Unis accusent le régime d'avoir recours à un « crématorium » à la prison de Saydnaya, servant à détruire les restes de milliers de prisonniers tués.

« Bombes incendiaires »

En 2012, HRW a dénoncé le recours par l'armée au largage par avion de « bombes incendiaires » provoquant de graves brûlures. Ces armes « peuvent contenir des substances inflammables comme le napalm, la thermite ou le phosphore blanc », selon l'ONG.

L'OSDH et des militants ont dénoncé l'utilisation de « barils d'explosifs » remplis de TNT que l'armée largue à partir d'hélicoptères et d'avions militaires.

Malgré ses démentis, le régime a aussi été accusé de recourir aux armes chimiques. Il a été mis en cause dans des attaques au gaz sarin en août 2013 sur deux bastions de la rébellion près de Damas (plus de 1400 morts selon les États-Unis dans le secteur de Mouadamiyat al-Cham) et sur la ville rebelle de Khan Cheikhoun dans le nord-ouest (plus de 80 morts, en avril 2017).

Il a été aussi accusé de plusieurs attaques présumées au gaz de chlore.

Viols

Le 15 mars 2018, une enquête de l'ONU basée sur 454 entrevues rapporte des viols et violences sexuelles systématiques contre des civils, perpétrés par des soldats et des miliciens pro-régime. Les rebelles ont commis des crimes similaires mais sur une échelle « considérablement moindre », selon l'enquête.  

Selon des chiffres du Réseau syrien des droits de l'Homme, cités dans le journal français Libération, 7700 femmes ont été victimes de violences sexuelles ou de harcèlement aux mains des pro-régime, dont plus de 800 en prison.