Les États-Unis ont renouvelé mardi leur avertissement au régime de Damas, prévenant qu'ils réagiraient « rapidement » si le président Bachar al-Assad utilisait des armes chimiques dans la province d'Idleb, dernière région syrienne contrôlée par la rébellion où l'ONU craint un « bain de sang ».

« Soyons clairs, notre position, ferme, reste inchangée : si le président Bachar al-Assad décide d'utiliser une nouvelle fois des armes chimiques, les États-Unis et leurs alliés répondront rapidement et de façon appropriée », a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.

Dans la province d'Idleb, « des millions de civils innocents sont sous la menace d'une attaque imminente du régime Assad, avec le soutien de la Russie et de l'Iran », a rappelé l'exécutif américain.

Lundi déjà, Donald Trump avait mis en garde la Syrie, la Russie et l'Iran contre une offensive à Idleb.

« Le président de la Syrie Bachar al-Assad ne doit pas attaquer imprudemment la province d'Idleb. Les Russes et les Iraniens commettraient une grave erreur humanitaire en prenant part à cette potentielle tragédie humaine », avait tweeté le président américain.

Washington, qui a mené deux séries de frappes punitives sur le régime syrien en avril 2017 et en avril 2018 après l'usage d'armes chimiques, a accusé Moscou de mener une campagne de « désinformation » pour préparer le terrain à une nouvelle utilisation de ces armes dévastatrices.

Moscou a ainsi accusé fin août les rebelles syriens de préparer une attaque chimique dans la province d'Idleb pour pouvoir ensuite en accuser le régime de Damas.

« C'est absurde », a indiqué Eric Pahon, un porte-parole du Pentagone. La Russie raconte des mensonges « pour détourner l'attention de sa propre responsabilité quand ces armes terribles sont utilisées ».

Washington a convoqué pour vendredi une réunion du Conseil de sécurité --présidé en septembre par les États-Unis-- sur la situation à Idleb.

Les Nations unies craignent le pire.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a appelé mardi le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à se parler en urgence « au téléphone » avant leur sommet prévu vendredi à Téhéran pour éviter un « bain de sang » à Idleb.

Selon M. de Mistura, l'attaque pourrait être lancée « autour du 10 septembre, d'où le sentiment d'urgence ».

Moscou, fervent soutien de Damas, a donné le ton par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov : l'armée syrienne « s'apprête à régler » le problème du « terrorisme » dans la province d'Idleb, a-t-il dit. « Un nouveau noeud du terrorisme s'y est formé (...) et cela mène à une déstabilisation générale de la situation ».

Ballet diplomatique

La province d'Idleb, dans le nord de la Syrie et à la frontière avec la Turquie (qui soutient des rebelles syriens), est le dernier bastion tenu par des rebelles et des islamistes radicaux. Le régime syrien masse depuis plus d'un mois d'importants renforts aux abords de cette province et de poches adjacentes sous contrôle rebelle ou jihadiste, en vue d'une opération militaire d'envergure.

Quelque 2,9 millions de personnes y vivent, dont 1,4 million ayant fui d'autres provinces rebelles reprises par le régime de Damas, selon M. de Mistura, qui estime qu'il y a sur place environ 10 000 combattants djihadistes de l'ex-Front al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie.

Au moins neuf civils, dont cinq enfants, ont péri mardi dans des raids russes dans la province d'Idleb.

« Les avions russes ont de nouveau bombardé la province d'Idleb après une pause de 22 jours », a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Les raids interviennent « au lendemain des frappes rebelles contre des positions des forces du régime dans la province voisine de Lattaquié qui ont fait trois morts », selon M. Abdel Rahmane.

Alors que le ballet diplomatique s'intensifie pour éviter une offensive du régime, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré à l'AFP qu'il fallait laisser la porte « ouverte à la négociation ».

Le conflit en Syrie, déclenché en 2011, a fait plus de 350 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés. Malgré plusieurs cycles de pourparlers, l'ONU n'est pas parvenue à trouver une résolution au conflit.