Un petit groupe de djihadistes a été évacué vendredi soir du fief rebelle dans la Ghouta orientale près de Damas, où de l'aide alimentaire a été distribuée aux habitants assiégés et cibles de bombardements meurtriers du régime syrien.

Cette première évacuation dans la Ghouta, qui ne concernerait que 13 combattants et leur famille selon la télévision d'État syrienne et une ONG, intervient alors que le pouvoir de Bachar al-Assad a lancé le 18 février une offensive d'une rare violence contre le bastion rebelle, le dernier aux portes de la capitale Damas.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a précisé qu'il s'agissait de 13 djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, l'ex-branche d'Al-Qaïda, et de leur famille.

Le puissant groupe rebelle Jaich al-Islam, présent dans la Ghouta, avait lui aussi annoncé qu'un « premier groupe » de djihadistes devait quitter le bastion des insurgés, en direction d'Idleb, dernière province du pays à échapper entièrement au contrôle du régime de Bachar al-Assad.

Ces combattants sont, selon l'agence de presse officielle syrienne Sana, sortis par le couloir d'Al-Wafidine, l'un des trois mis en place par le régime pour permettre les évacuations de civils ou de combattants, mais aussi pour assurer l'entrée d'aides humanitaires dans l'enclave rebelle.

La télévision étatique syrienne a filmé, en direct, des combattants à bord d'un unique bus, certains à l'apparence très jeune, d'autres avec une capuche rabaissée sur la tête.

Ces évacuations interviennent après trois semaines de bombardements du régime et de son allié russe qui ont tué près de 950 civils, selon l'OSDH. Les forces de Damas ont déjà reconquis plus de la moitié de l'enclave rebelle.

Distributions d'aides

Alors que le conflit en Syrie entre le 15 mars dans sa huitième année, le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a évoqué « une tragédie humaine aux dimensions colossales » dans ce pays, où plus de 340 000 personnes ont péri et des millions d'autres ont été jetées à la rue en sept ans.

Fin février, le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté une résolution réclamant un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie. Cette trêve ne concernait pas toutefois les combats contre les djihadistes du groupe État islamique (EI), ou ceux d'Al-Qaïda.

Après l'adoption de cette résolution, les principaux groupes rebelles dans la Ghouta, notamment Jaich al-Islam et Faylaq al-Rahmane, avaient annoncé qu'ils acceptaient d'« expulser » les djihadistes de l'ex-branche d'Al-Qaïda du fief rebelle.

Évoquant des « consultations avec les Nations unies et des parties internationales », Jaich al-Islam a assuré vendredi que le premier groupe à sortir de la Ghouta était composé de djihadistes qu'il détenait.

Plus tôt dans la journée, un convoi de 13 camions transportant de la nourriture avait finalement pu entrer dans l'enclave pour distribuer de l'aide qui n'avait pu être déchargée lundi, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Quelque 400 000 civils y vivent assiégés par le régime depuis 2013, touchés par des pénuries de nourritures et de médicaments.

C'est la deuxième fois depuis le début de l'offensive que des camions transportant de l'aide parviennent à pénétrer dans l'enclave, où une trêve quotidienne de cinq heures a été décrétée par la Russie il y a plus d'une semaine.

L'aide a été distribuée à Douma en dépit des bombardements sur cette principale ville de l'enclave, selon un correspondant de l'AFP sur place.

À bout de force

Vendredi, les bombardements sur l'enclave ont tué 15 civils, selon l'OSDH.

« Assez de destructions et de morts ! Nous voulons sauver nos enfants et tous ceux qui ne sont pas morts », lance Abou Ryad, un habitant de 47 ans à Hammouriyé.

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a réclamé l'entrée sans entraves de matériel médical, dénonçant une « terrible catastrophe médicale » dans le fief rebelle. « Le matériel médical est extrêmement limité, les infrastructures médicales ont été frappées et le personnel médical est à bout de force ».

Grâce à l'aide militaire de la Russie, les forces prorégime ont enchaîné les victoires contre les rebelles et les djihadistes, parvenant à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire syrien.

Sur un autre front de la guerre, le président turc Recep Tayyip Erdogan dont l'armée mène une offensive pour déloger une force kurde syrienne de la région frontalière syrienne d'Afrine, a affirmé que ses forces pouvaient entrer « à tout moment » dans le centre de la ville du même nom.