Les bombardements et les frappes aériennes lancés par le régime syrien en banlieue de Damas ont fait 250 morts en deux jours et plus de 1000 blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de la personne.

L'Union des organisations de secours et soins médicaux, qui gère les hôpitaux et les cliniques des secteurs rebelles, affirme avoir enregistré 115 morts, mardi, en raison des attaques.

Un représentant de l'organisme, Ahmad al-Dbis, indique que dix hôpitaux ont été endommagés par des frappes en 48 heures.

Il s'agirait des bombardements les plus mortels de cette région en trois ans.

Les banlieues ciblées sont réparties dans un secteur appelé la Ghouta orientale. Elles sont pilonnées sans relâche depuis plusieurs semaines et le gouvernement syrien a récemment déployé des renforts dans la région, ce qui laisse craindre une attaque imminente pour reprendre le dernier bastion rebelle près de Damas.

Le secteur est assiégé depuis l'an dernier. On y retrouve quelque 400 000 habitants, en plus de milliers de rebelles membres de différentes factions. Les plus puissants d'entre eux sont les ultraconservateurs de l'Armée de l'islam et de Farraq al-Rahman; Al-Qaïda y est aussi représenté.

Le secteur a été attaqué, lundi, par des avions de chasse, des hélicoptères de combat, des missiles et des obus d'artillerie, ce qui représente une escalade importante de la violence près du coeur du pouvoir du président Bachar el-Assad.

L'Observatoire syrien des droits de la personne, à Londres, évoque la journée la plus meurtrière depuis 2015 dans la Ghouta orientale. On compterait une vingtaine d'enfants et une quinzaine de femmes parmi les morts.

Une offensive terrestre imminente?

Les deux groupes rapportaient de nouvelles frappes aériennes et de nouveaux bombardements mardi dans la Ghouta orientale, pendant que les rebelles continuaient à tirer du mortier sur Damas.

L'Observatoire a estimé que ces «bombardements déments» semblaient ouvrir la voie à une offensive terrestre dans la Ghouta orientale, dont la capture représenterait une grande victoire pour le régime Assad.

Les rebelles ont répliqué en tirant des obus de mortiers en direction de la capitale. Au moins huit personnes, dont trois enfants, ont été tuées et 15 autres blessées, selon l'agence de presse SANA.

L'émissaire des Nations unies en Syrie, Staffan de Mistura, a dénoncé cette explosion de violence et dit craindre que la Ghouta orientale ne soit le théâtre d'un bain de sang, comme cela s'est produit à Alep il y a plus d'un an.

«Ce n'est pas compliqué: si Alep nous a enseigné quelque chose, le moment est venu d'agir pour éviter tout ça», a-t-il dit.

L'agence onusienne des enfants, l'Unicef, a publié une courte déclaration intitulée: «Ceux qui infligent cette souffrance ont-ils encore des mots pour justifier leurs actes barbares?» Le titre est suivi d'une page blanche, l'Unicef expliquant qu'elle «n'a plus de mots pour décrire la souffrance des enfants et son indignation».

De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge prévient par communiqué que «ça ne peut plus continuer». Il fait état «d'informations inquiétantes» selon lesquelles des dizaines de personnes sont tuées ou blessées chaque jour dans la Ghouta orientale, et de «familles prises au piège, sans nulle part où se mettre à l'abri des bombardements. Des dizaines de tirs de mortier tombés sur Damas font des victimes civiles et propagent la peur. On ne peut pas laisser l'histoire se répéter.»

«La situation humanitaire des civils dans la Ghouta orientale échappe à tout contrôle, a déploré par communiqué, lundi soir, le coordonnateur humanitaire régional des Nations unies pour la Syrie, Panos Moumtzis. Il est urgent de mettre fin immédiatement à cette souffrance humaine inutile. De telles attaques contre des civils innocents et les infrastructures doivent cesser dès maintenant.»