Le président français Emmanuel Macron a qualifié mardi d'«inacceptables» les vives critiques adressées la veille par le président syrien Bachar al-Assad, qui a accusé la France de «soutien au terrorisme».

«Nous avons été cohérents depuis le début», en luttant contre un seul ennemi, «Daech», l'acronyme arabe du groupe État islamique, en Syrie, a déclaré M. Macron devant la presse après avoir reçu le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.

«C'est pour cela que les propos étaient inacceptables», car «si quelqu'un a combattu et peut gagner d'ici fin février, c'est la coalition internationale», a-t-il ajouté.

«Le peuple syrien a un ennemi, il s'appelle Bachar. C'est une réalité», a-t-il poursuivi, évoquant les millions de Syriens ayant fui leur pays depuis la révolte réprimée de 2011 dans la foulée des Printemps arabes.

Selon M. Macron, «si nous voulons construire un processus de paix qui conduira à la stabilité, nous nous devons de mettre les parties autour de la table». «C'est un processus où les représentants de Bachar al-Assad seront là, car il est aujourd'hui à la tête du pays (...), mais il est indispensable que l'ensemble des oppositions soient présentes et que nous ayons un processus politique et électoral qui permette à l'ensemble des Syriens de pouvoir s'exprimer».

«Je ne crois pas qu'on puisse construire une paix durable et une solution politique sans la Syrie et les Syriens. Je ne crois pas pour autant que la Syrie se résume à Bachar al-Assad», a-t-il ajouté, dénonçant aussi les «puissances extérieures qui voudraient imposer une paix» qui viendrait d'elles.

Bachar al-Assad a déclaré lundi que «la France a été le porte-étendard du soutien au terrorisme en Syrie dès les premiers jours» du conflit. Il faisait allusion au soutien apporté par Paris aux rebelles qui luttent contre son régime depuis 2011 et que Damas qualifie de «terroristes». «Elle n'est pas en position de donner une évaluation d'une conférence de paix», a-t-il ajouté à Damas.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian lui a répondu en disant lundi à Washington : «Quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion».

Le dernier cycle de pourparlers organisé sous l'égide de l'ONU entre régime et opposition syriens s'est achevé jeudi à Genève sans avancée.

À ce jour, toutes les tentatives pour trouver une issue au conflit syrien se sont avérées infructueuses, avec comme principale pierre d'achoppement le sort du président Assad.

Au processus de Genève, Damas préfère celui d'Astana, parrainé par la Russie, le principal allié du régime. Mais, pour M. Macron, «le processus d'Astana n'aboutit pas à un résultat, car il n'est pas inclusif», en ne permettant pas «une juste représentation des opposants».

Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 340 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.