Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu lundi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, dernière étape d'un marathon régional au cours duquel il a annoncé depuis la Syrie le retrait d'une «partie significative» des forces russes dans ce pays.

M. Poutine a entamé une rencontre avec M. Erdogan dès son arrivée dans la capitale turque, après s'être rendu dans la matinée sur la base aérienne russe de Hmeimim en Syrie avant de faire étape au Caire.

Il devait notamment discuter avec son homologue turc des efforts destinés à trouver un règlement mettant fin au conflit en Syrie, ayant annoncé lors de sa visite surprise dans ce pays une réduction significative des forces russes dont l'intervention a largement contribué au maintien du régime du président Bachar al-Assad au pouvoir.

«En près de deux ans, les forces armées russes, en collaboration avec l'armée syrienne, ont détruit en grande partie les terroristes internationaux. Par conséquent, j'ai pris la décision de faire rentrer en Russie une partie significative du contingent militaire russe se trouvant en Syrie», a déclaré M. Poutine, selon des propos retransmis par la télévision russe.

Il a précisé que la base aérienne russe de Hmeimim, depuis laquelle il parlait et où sont concentrés les effectifs militaires russes, ainsi que la base navale de Tartous resteraient opérationnelles en dépit du retrait annoncé.

M. Poutine, qui a été accueilli à Hmeimim par M. Assad, n'a pas révélé combien de soldats russes demeureraient sur place.

Le chef des forces russes en Syrie, le général Sergueï Sourovikine a pour sa part indiqué que 23 avions et deux hélicoptères russes devraient quitter la Syrie, suivis par des unités de la police militaire, des démineurs et des médecins de l'hôpital de campagne. Il a estimé que les forces russes avaient éliminé plus de 32 000 combattants ennemis en Syrie.

«L'objectif de la lutte contre les criminels armés en Syrie, objectif qui requérait les moyens de grande envergure des forces armées, a été atteint dans sa totalité, et brillamment», a dit M. Poutine dans un discours devant des troupes au garde-à-vous.

«Participation efficace»

Le Pentagone a réagi avec scepticisme à cette annonce.

«Les déclarations de la Russie sur le retrait de ses troupes ne correspondent souvent pas à de réelles réductions des effectifs militaires et n'affectent pas les priorités des États-Unis en Syrie», a déclaré le commandant Adrian Rankine-Galloway, un porte-parole du ministère américain de la Défense.

M. Assad a de son côté remercié le président russe, évoquant «la participation efficace (des Russes) dans la guerre contre le terrorisme»,. «Ce qu'ont fait les militaires russes, les Syriens ne l'oublieront jamais», a-t-il déclaré.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les frappes aériennes russes du 30 septembre 2015 au 11 novembre 2017 ont fait 6328 morts parmi les civils, dont 1537 enfants. Elles ont également tué 4732 jihadistes du groupe État islamique (EI), 4098 rebelles et autres jihadistes, selon la même source.

Le conflit syrien a fait plus de 340 000 morts et des millions de réfugiés depuis 2011.

La rencontre à Ankara entre MM. Poutine et Erdogan est la huitième depuis le début de l'année, illustrant une étroite coordination entre les deux dirigeants sur le dossier syrien malgré une grave crise diplomatique entre Ankara et Moscou en 2015.

La Russie, la Turquie et l'Iran parrainent en effet un accord visant à réduire l'intensité des combats pour préparer le terrain à un accord politique en vue de mettre un terme au conflit.

Avant Ankara, M. Poutine s'était rendu au Caire où il a indiqué s'être mis d'accord avec le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi «pour renforcer la coordination, afin de travailler ensemble en faveur d'un règlement politique du conflit syrien sur le long terme».

Un 8e cycle de pourparlers intersyriens sous l'égide de l'ONU se poursuit à Genève jusqu'au 14 décembre.

De nouvelles négociations sont également prévues à partir du 21 décembre à Astana, au Kazakhstan.

Déclenchée le 30 septembre 2015, l'intervention militaire russe en Syrie a changé la donne en permettant notamment aux forces gouvernementales de ravir à l'EI la cité antique de Palmyre et de chasser les rebelles de leur bastion d'Alep.

De 4000 à 5000 militaires russes ont été déployés en Syrie pendant ces deux années. Officiellement, une quarantaine d'entre eux ont péri depuis le début de cette intervention.