Un adolescent syrien ayant fui la guerre a reçu lundi par le Prix international de la Paix des Enfants, lançant à cette occasion un plaidoyer pour que le monde voie ses concitoyens réfugiés comme des «gens normaux».

«Nous voulons juste que les gens nous donnent une chance pour faire nos preuves», a expliqué Mohamad Al Jounde à l'AFP à La Haye, où il recevait le prestigieux prix qui récompense chaque année depuis 2005 un mineur pour son engagement pour les droits des enfants.

«Je peux promettre que nous sommes des gens comme eux, nous vivons dans le même monde», a poursuivi le jeune homme de 16 ans.

Dimanche, au moins 25 civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans des frappes aériennes sur la Ghouta orientale, région rebelle assiégée proche de Damas, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La guerre en Syrie a fait plus de 340 000 morts depuis son déclenchement en mars 2011, et plus de cinq millions de personnes ont fui le pays, d'après l'OSDH. Quelque 2,5 millions d'enfants se trouvent actuellement dans des camps, notamment au Liban, en Turquie et en Jordanie.

Avec l'aide de sa famille, l'énergique jeune homme a construit une école pour 200 enfants réfugiés dans un camp au Liban et y a enseigné l'anglais, les mathématiques et sa passion, la photographie.

«C'est souvent à travers leurs photos que l'on peut vraiment voir qui sont réellement ces enfants qui ne font plus confiance à personne», traumatisés par ce qu'ils ont vécu, estime Mohamad, qui a reçu sa récompense des mains de Malala Yousafzai, lauréate en 2013 et Prix Nobel de la Paix en 2014.

«L'avenir de la Syrie est entre les mains de ses enfants, et leur avenir dépend de l'éducation», a réagi la jeune Pakistanaise, citée dans le communiqué de la fondation Kidsrights, organisatrice du prix.

«Et en dépit de tout ce qu'ils ont vécu, Mohamad et sa famille ont permis à de nombreux enfants d'aller à l'école. Je suis fière de soutenir ses efforts», a-t-elle poursuivi.

Mais les réfugiés syriens sont parfois confrontés à des réactions hostiles, notamment en Europe.

«Mon message aux personnes qui ne veulent pas que les réfugiés soient là est que nous n'avons pas voulu venir non plus. Mais ça, c'est la guerre», a expliqué Mohamad Al Jounde, qui vit aujourd'hui en Suède avec ses parents.

«Commencez par nous traiter comme des gens normaux, pas comme des réfugiés ou des migrants», a répété le jeune homme.

Le Prix international de la Paix des Enfants est doté de 100 000 euros qui sont investis dans des projets liés à la cause du lauréat.