L'ONU a condamné vendredi la « privation de nourriture délibérée de civils » comme une tactique de guerre, après la publication de photos « choquantes » d'enfants squelettiques dans une région proche de Damas, tenue par les rebelles et assiégée par l'armée syrienne.

Le Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Zeid Ra'ad Al Hussein, a déclaré dans un communiqué que les photos étaient « une indication effrayante de la détresse de la population dans la Ghouta orientale », une région proche de la capitale syrienne qui vit sous le siège depuis 2013.

Le 21 octobre, l'AFP a publié la photo d'un nouveau-né d'à peine un mois, dans un état squelettique, qui est décédé quelques jours après dans une clinique de la ville de Hamouria, contrôlée par les rebelles qui luttent contre l'armée du président syrien Bachar al-Assad.

« La privation de nourriture délibérée de civils comme méthode de guerre constitue une violation claire du droit humanitaire international », a averti M. Zeid.

Interrogé sur le point de savoir si le Haut Commissaire accuse le régime de Damas d'affamer délibérément des civils, son porte-parole Rupert Colville a déclaré : « Il évoque la possibilité que c'est ce qui est en train d'arriver ».

Près de 400 000 personnes vivent dans la Ghouta orientale, où l'aide humanitaire parvient au compte-gouttes en raison du siège de l'armée.

Résultat : les pénuries de nourriture et de médicaments se sont aggravées. Quand ils sont disponibles sur les marchés, notamment grâce à la contrebande, les produits se vendent à prix d'or. Plus d'un millier d'enfants souffrent de malnutrition aiguë, a mis en garde l'UNICEF.

Depuis juillet, la Ghouta est une des quatre « zones de désescalade » instaurées en Syrie pour obtenir une trêve dans les combats, grâce à un accord entre la Turquie, soutien de la rébellion, et la Russie et l'Iran, alliés de Damas.

Mais le dernier convoi d'aide humanitaire à être entré dans la Ghouta remonte à la fin septembre. Il transportait de la nourriture et des aides médicales pour quelque 25 000 personnes.

M. Zeid a fait part de son « indignation » devant les souffrances des civils et a également reproché aux groupes armés rebelles dans la région d'entraver le travail des organisations humanitaires.

Autrefois région agricole fertile, la Ghouta orientale a été ravagée par des années de combats. Frappes aériennes et tirs d'artillerie du régime ont éventré les immeubles, tandis que des rues entières sont inhabitables.

Les infrastructures de base n'ont pas été épargnées : l'électricité est uniquement disponible grâce à des générateurs, et l'eau est difficilement potable et souvent vecteur de maladies.