Les combattants kurdes et arabes soutenus par les États-Unis gagnaient du terrain mercredi à Raqa au lendemain du lancement de l'assaut final pour prendre au groupe État islamique (EI) sa «capitale» de facto en Syrie.

Sept mois après le début d'une offensive d'envergure qui leur a permis de s'emparer de vastes régions autour de Raqa, dans le nord du pays, les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont entrées dans le quartier de Mechleb, dans l'est de la ville.

Un correspondant de l'AFP qui a pu pénétrer brièvement dans ce quartier de Raqa a vu des colonnes de fumée s'élever au-dessus des bâtiments en raison des violents combats et des explosions.

En périphérie du quartier, des éclats d'obus jonchaient le sol et de nombreux bâtiments étaient détruits.

«De violents combats ont lieu entre nos forces et Daech», a déclaré une commandante des FDS en utilisant un acronyme arabe pour l'EI.

Les djihadistes ont «truffé les rues de mines mais nous continuons à avancer», a-t-elle précisé, ajoutant que l'EI envoyait des drones pour bombarder les troupes des FDS.

Aux abords de la ville de Raqa, des véhicules blindés chargés d'armes lourdes et recouverts de bâches de camouflage étaient positionnés entre des oliviers, près d'un centre opérationnel des forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale conduite par les États-Unis.

De commandants des FDS travaillaient sur des tablettes pour identifier les cibles ennemies alors que des pneus ont été déposés dans les rues pour arrêter d'éventuelles voitures piégées, arme de prédilection des djihadistes pour attaquer leur adversaire.

Capturée par les djihadistes en 2014, la ville de Raqa est devenue le symbole des atrocités commises par l'EI - décapitations, exécutions publiques - ainsi qu'une base pour la planification d'attentats commis à l'étranger.

«Il y a des combats à l'est ainsi qu'à l'ouest de la ville», a indiqué de son côté le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane. «Les FDS combattent aussi dans le complexe militaire Division 17, à environ deux kilomètres au nord de Raqa, mais la zone est truffée de mines». 

Civils «piégés»  

Selon l'OSDH, la coalition internationale dirigée par les États-Unis a mené des raids intensifs sur la ville.

Les habitants de la ville font état de bombardements incessants, a indiqué un militant du collectif «Raqa is Being Slaughtered Silently» («Raqa est massacrée en silence»).

«Les bombardements durent depuis deux jours et n'ont pas cessé plus d'une heure. Ce sont des frappes aériennes, des tirs d'artillerie et parfois à la roquette», a déclaré à l'AFP Abou Mohamed.

Une des frappes mardi sur la ville a tué huit civils, dont trois enfants, selon l'OSDH.

Le nombre de civils tués par les raids de la coalition est en nette hausse depuis que les FDS ont lancé leur offensive. Vingt et un civils avaient également péri lundi alors qu'ils tentaient de fuir Raqa.

Selon les Nations unies, environ 160 000 personnes vivent encore à Raqa, contre 300 000 avant le début de la guerre en Syrie en 2011.

Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU David Swanson a affirmé que quelque 100 000 personnes «pourraient se trouver piégées» durant l'assaut.

Mardi, l'International Rescue Committee s'est dit «très inquiet pour la sécurité des civils à Raqa» après la chute du nombre de personnes ayant réussi à quitter la ville la semaine dernière.

Cette baisse indique que l'EI veut utiliser les civils comme «des boucliers humains», a estimé cette ONG. 

«Acte d'agression»  

Les FDS, qui ont annoncé mardi le début de la «grande» bataille pour la reprise de Raqa, ont remporté une série de succès depuis le début de leur opération en novembre dernier, dont la capture en mai de Tabqa et du barrage adjacent, à l'ouest de Raqa.

Chef des forces de la coalition qui fournit aux FDS des armes, un appui aérien et les assiste au sol avec des conseillers, le général américain Steve Townsend a cependant averti que la bataille serait «longue et difficile».

Dans le sud-est de la Syrie, la coalition internationale a par ailleurs frappé mardi des forces pro-régime près d'al-Tanaf, non loin des frontières irakienne et jordanienne.

«C'est un acte d'agression qui viole la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie», a dénoncé mercredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dont le pays est allié au régime syrien.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a lui accusé les États-Unis de diriger une coalition «qui pratique le terrorisme».