Al-Qaïda a annoncé la mort d'Abou Kheir Al Masri, soupçonné d'être le «numéro deux» du groupe djihadiste, dans une frappe aérienne de la coalition internationale sous commandant américain en Syrie.

La mort d'Al Masri, décrit par des analystes comme faisant partie de la «royauté djihadiste», est une annonce importante pour le président américain Donald Trump qui a fait de la lutte contre le «terrorisme islamique radical» un des grands projets de son mandat.

Deux branches du groupe djihadiste - dont Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) - ont annoncé mercredi la mort d'Al Masri.

Dans un communiqué, elles le qualifient de «héros» et affirment qu'il a été tué «au cours d'une frappe de drone des Croisés» en Syrie.

«L'ensemble du Cham (Syrie) est témoin du dernier crime des États-Unis et de l'alliance croisée», indique le texte daté de mercredi, faisant référence à la coalition anti-djihadiste sous commandement américain en Irak et en Syrie.

«Plus nos martyrs seront tués, plus nous serons déterminés (...) à les venger», ont promis les deux branches d'Al-Qaïda aux États-Unis «à leurs alliés, à leurs agents et à leurs espions», selon le texte.

Le communiqué présente également ses condoléances à l'actuel dirigeant du groupe djihadiste, Ayman al-Zawahiri, égyptien et dont Al Masri était soupçonné d'être l'adjoint.

Cet Égyptien de 59 ans était le gendre du fondateur d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan en mai 2011.

Un responsable américain avait indiqué cette semaine que les États-Unis cherchaient à confirmer la mort d'Al Masri dans un récent bombardement près d'Idleb, dans le nord-ouest syrien.

Menace de riposte

Les frappes américaines en Syrie se sont longtemps concentrées sur le groupe État islamique mais depuis quelques mois, les raids visant Al-Qaïda se sont multipliés, notamment dans la province d'Idleb. Celle-ci est en grande majorité aux mains de l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, Fateh al-Cham, qui a officiellement rompu avec sa maison-mère.

Début février, le Pentagone avait affirmé avoir tué 11 «extrémistes» dans la région d'Idleb, dont un vétéran d'Al-Qaïda qui avait rejoint les rangs de l'organisation extrémiste dès les années 1980.

Al Masri, également connu sous le nom d'Abdallah Muhammed Rajab Abdelrahman, avait rejoint les rangs de l'organisation paramilitaire du djihad islamique égyptien dans les années 1980, avant de se tourner vers Ben Laden dans les années 1990.

Il a été emprisonné entre 2003 et 2015 en Iran, avant de faire l'objet d'un échange de prisonniers contre un diplomate iranien détenu par Al Qaïda au Yémen.

Selon le Soufan Group, fondé par un ancien agent du FBI qui a traqué les hauts responsables d'Al-Qaïda et en a interrogé plusieurs, c'est dans la maison d'Al Masri à Kaboul que le cerveau présumé des attaques du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed, est venu présenter son plan.

Sa mort serait «le plus gros coup porté à Al-Qaïda depuis l'élimination de Nasir al-Wuhayshi au Yémen en juin 2015», avait estimé Charles Lister du Middle East Institute, un centre de recherche basé à Washington, avant la confirmation de son décès.

Nasir al-Wuhayshi était le chef d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

Al Masri fait partie de la «royauté djihadiste» en tant que membre de la «Chura» d'Al-Qaïda, l'organe de commandement central du groupe, avait ajouté M. Lister pour qui la mort du gendre de Ben Laden appellera «presque certainement» une riposte des djihadistes «depuis la Syrie ou autre part dans le monde».