Le président Bachar al-Assad a souhaité que les rebelles acceptent le principe de rendre leurs armes en échange d'une amnistie, lors des négociations la semaine prochaine à Astana consacrées au renforcement du cessez-le-feu en Syrie.

Entrée en vigueur le 30 décembre, cette trêve, qui tient vaille que vaille, connaît des violations régulières, notamment à Wadi Barada, mais un arrêt des combats a été décidé jeudi selon les rebelles dans cette région où l'armée veut s'assurer le contrôle des sources d'eau.

Le cessez-le-feu, parrainé par Moscou, alliée du régime, et Ankara, soutien des rebelles, a constitué un prélude aux négociations qui s'ouvrent le 23 janvier dans la capitale du Kazakhstan avec l'objectif ambitieux de jeter les bases d'un règlement du conflit dévastateur qui a fait plus de 310 000 morts en près de six ans.

Dans un entretien à la télévision japonaise TBS, dont des extraits ont été publiés jeudi par la présidence syrienne, M. Assad a affirmé que ces pourparlers auraient «comme priorité» de consolider la trêve.

«Cela visera à protéger la vie des gens et permettra d'acheminer l'aide vers les différentes régions de Syrie», a-t-il dit, alors que l'ONU s'est plainte que la trêve n'avait pas permis l'acheminement d'aides humanitaires supplémentaires.

Pour M. Assad, au-delà de la consolidation du cessez-le-feu, «les pourparlers devront permettre aux groupes (rebelles) de se joindre aux accords de "réconciliation", ce qui signifie rendre les armes en échange d'une amnistie».

«C'est la seule chose que nous pouvons espérer en ce moment», a dit le président syrien dont les troupes sont en position de force après plusieurs victoires face aux rebelles, principalement à Alep reprise totalement aux rebelles en décembre après un siège de plusieurs mois.

Accord à Wadi Barada?

Le pouvoir syrien espère élargir les accords dits de «réconciliation», ces pactes léonins qui se traduisent par l'évacuation des rebelles en échange de la fin des bombardements et des sièges des villes par les prorégime.

Ces accords sont vivement critiqués par l'ONU et les rebelles, qui y voient le résultat d'une tactique du régime visant à la «capitulation par la famine», après les sièges de plusieurs mois imposés aux habitants et insurgés.

Un nouvel accord de ce type a été décidé à Wadi Barada, près de Damas, a annoncé à l'AFP un responsable local rebelle, Abou Mohamad al-Barwadi, après que les prorégime ont assiégé la ville et quelques jours après l'échec d'un précédent accord similaire.

Une équipe de maintenance doit entrer à Wadi Barada pour réparer les infrastructures d'approvisionnement et les insurgés qui refusent de déposer les armes seront transférés dans la province rebelle d'Idleb (nord-ouest), selon lui.

Mais le régime n'a pas confirmé cet accord. Depuis le matin, ses forces assiègent Wadi Barada qui abrite les principales infrastructures alimentant en eau la capitale syrienne, victime de graves pénuries depuis le 22 décembre.

Les forces du régime, qui veulent déloger les rebelles et reprendre le contrôle des infrastructures à Wadi Barada, «ont coupé la route entre cette ville et les zones rebelles» dans la région de Qalamoun, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'OSDH a rappelé que «les prorégime ont régulièrement recours à la stratégie du siège pour arracher des accords avec les rebelles dans des zones assiégées, comme cela s'est produit dans plusieurs secteurs près de Damas et à Alep» (nord).

L'ONU à Astana

L'offensive du régime à Wadi Barada a été l'une des raisons avancées par le plus important groupe rebelle, Ahrar al-Cham, pour justifier son refus de participer aux négociations d'Astana sous l'égide de Moscou, Ankara et Téhéran, un autre allié du régime.

Une poignée d'autres groupes rebelles sous la direction de Mohammed Allouche se rendront à Astana. Ce sera la première fois qu'une délégation formée purement de groupes rebelles négociera avec le régime.

Outre des représentants des parrains des pourparlers, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura sera également présent à Astana. Moscou et Ankara veulent une présence des Américains à Astana, mais l'Iran y est hostile.

Des négociations sur la Syrie sous l'égide de l'ONU doivent en principe suivre à Genève le 8 février.

Jusqu'à présent, tous les pourparlers qui se sont déroulés sous les auspices de l'ONU, dont les derniers en avril 2016, ont échoué.

Le conflit très complexe en Syrie, impliquant acteurs syriens, régionaux et internationaux, ainsi que des groupes djihadistes, a provoqué une très grave crise humanitaire en poussant à la fuite plus de 10 millions de personnes.