Les travaux pour rétablir l'alimentation en eau de Damas, coupée depuis trois semaines, ont commencé vendredi à la suite d'un accord de «réconciliation» entre gouvernement et rebelles, à dix jours de l'ouverture prévue à Astana de négociations sur un règlement du conflit syrien.

Des employés sont entrés vendredi dans une zone tenue par les rebelles près de Damas pour rétablir l'alimentation en eau de la capitale, a affirmé le gouverneur de la province. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé que des techniciens gouvernementaux avaient rejoint le secteur de Wadi Barada et commencé à travailler sur les infrastructures.

Quelque 5,5 millions d'habitants de Damas subissent des pénuries d'eau depuis le 22 décembre, les combats ayant occasionné à Wadi Barada (à 15 km de Damas) des dommages à la principale structure d'alimentation en eau de la capitale. Le gouvernement accuse les rebelles d'avoir délibérément coupé l'approvisionnement en eau de Damas.

«Nous avons arrêté les opérations militaires (dans ce secteur) et entamé le processus de réconciliation avec les milices sur place», a indiqué le gouverneur provincial Alaa Ibrahim. «Si Dieu le veut, les conduits d'alimentation (en eau) seront réparés dans les trois jours (...) Des mesures seront prises pour que Damas ait de l'eau demain (samedi)», a-t-il annoncé.

Selon les termes de cette «réconciliation», a-t-il expliqué, les rebelles ont la possibilité de déposer les armes. Ceux qui refuseraient de le faire, ainsi que les jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), seront transférés en autocars vers la province d'Idleb (nord-ouest), quasi entièrement contrôlée par l'opposition armée, a-t-il ajouté.

En attendant Trump

L'armée, qui a promis de reprendre Wadi Barada aux rebelles, avait avancé vendredi dans ce secteur où les combats fragilisaient grandement la trêve entrée en vigueur le 30 décembre en vertu d'un accord prévoyant des négociations entre gouvernement et rebelles sur un règlement du conflit qui ensanglante la Syrie depuis 2011.

Ces négociations doivent s'ouvrir, sous l'égide de la Russie et l'Iran (deux alliés du régime syrien) et de la Turquie (soutien des rebelles), à Astana, capitale du Kazakhstan, le 23 janvier, trois jours après la prise de fonctions du nouveau président américain Donald Trump.

Jeudi soir à Genève, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a annoncé que son partenaire russe était d'accord pour faire participer les États-Unis. «Les États-Unis devraient certainement être invités, nous sommes tombés d'accord sur ce point avec la Russie», a-t-il dit au sujet des discussions d'Astana.

«Personne ne peut ignorer le rôle des États-Unis. Ceci est une position de principe pour la Turquie», a-t-il ajouté.

Selon une source syrienne, il pourrait y avoir le 23 janvier une réunion inaugurale et protocolaire avec plusieurs pays invités dont les États-Unis, après laquelle les négociations s'ouvriraient entre régime et rebelles uniquement sous la supervision des Russes, des Iraniens et des Turcs.

La Russie ne peut pas se prononcer pour le moment sur une éventuelle invitation des États-Unis à Astana, a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov: «Bien sûr, nous sommes favorables à une représentation la plus large possible de toutes les parties» impliquées dans le dossier syrien «mais je ne peux pas répondre concrètement pour l'instant».

Nouveaux tirs israéliens ?

Interrogée par l'AFP, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que «le format des négociations reste au stade de la discussion».

Le ministère russe a ensuite précisé par communiqué avoir tenu vendredi des «consultations tripartites avec des délégations interministérielles russes, iraniennes et turques» sur la tenue de ces pourparlers à Astana.

Fin décembre, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait dit «espérer que lorsque l'administration de Donald Trump entrera en fonction, (les États-Unis) pourront également s'associer à ces efforts, afin que nous puissions travailler dans une même direction amicalement et de manière collective».

L'administration Obama, appui des rebelles, avait participé aux discussions sur les trêves précédentes en Syrie et parrainé des négociations de paix qui n'avaient pas abouti.

«Je pense qu'avec Trump à la Maison-Blanche, le leadership restera aux mains des Russes, mais il exigera des garanties notamment sur la sécurité d'Israël et la réduction du rôle de l'Iran», a estimé le doyen de la faculté des Sciences politiques de la Lebanese American University (LAU) de Beyrouth, Imad Salamey.

Vendredi, la Syrie a accusé Israël d'avoir à nouveau bombardé l'aéroport militaire de Mazzé, banlieue ouest de Damas.

Citant une «source militaire», l'agence officielle Sana a précisé que «l'aviation israélienne a tiré plusieurs missiles dans la nuit» à partir du Golan occupé sur l'aéroport de Mazzé, provoquant des incendies.

L'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire.