D'intenses raids aériens du régime syrien ont empêché vendredi la distribution des vivres transportés par le tout premier convoi de nourriture à entrer dans la ville assiégée de Daraya depuis 2012.

Damas «a conduit plusieurs bombardements (...) sur Daraya ce matin», a dénoncé le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner.

«De telles attaques sont évidemment inacceptables en toute circonstance mais dans ce cas précis, cela a également ralenti la distribution d'une aide terriblement nécessaire», a-t-il ajouté à Washington, appelant à une reprise de la répartition «aussi vite que possible».

Duplicité du régime

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault s'est insurgé : «C'est bien à une duplicité extraordinaire du régime (syrien) à laquelle nous assistons», a-t-il commenté lors d'une conférence de presse à New York.

«Ma réaction est une réaction d'indignation, au point que je n'arrive pas à trouver les mots pour la décrire», a déclaré le ministre des Affaires étrangères français, qui présidait vendredi une réunion au Conseil de sécurité des Nations unies sur la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix.

«À force d'insister pendant des semaines et des semaines pour que l'aide humanitaire parvienne à cette ville qui est une ville martyre (...) le régime finit par dire oui», a rappelé Jean-Marc Ayrault à l'ONU . «Mais l'accès commence et les bombes repartent, donc nous avons la démonstration de la duplicité de ce régime».

Pour le chef de la diplomatie française, «c'est une raison de plus pour reprendre la voie politique avec une grande détermination» dans le cadre du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui comprend les grandes puissances, «pour voir ce que nous pouvons faire vraiment d'efficace».

«J'aurai l'occasion, a-t-il ajouté, d'en rediscuter avec mes partenaires européens, américains et russes le plus vite possible car il y a urgence».

Jean-Marc Ayrault a également fait part de sa «déception» devant les résultats de la réunion du GISS du 17 mai à Vienne. «Il y avait une conclusion qui pourrait apparaître positive mais il ne s'est rien passé après et la situation a continué à se dégrader», a-t-il estimé.

Le GISS est né à l'automne 2015 à Vienne et se compose de 17 pays et trois organisations multilatérales, soutiens de l'opposition syrienne et du régime de Damas.

Ce groupe est co-présidé par les États-Unis et la Russie et comprend aussi l'Iran, l'Arabie saoudite et les puissances européennes.

«La situation est dramatique» en Syrie, a encore déclaré M. Ayrault, «car le régime malgré ses déclarations choisit jour après jour de continuer à attaquer son propre peuple».

«Il n'y a plus de cessez-le-feu, il faut le dire, il y a des tirs et des bombardements quotidiens avec des barils de dynamite qui vont directement sur les civils».

Le régime a commis «des crimes contre l'humanité dans le cadre d'une politique d'Etat systématique», a encore asséné le ministre, soulignant que la France «va continuer à pousser pour que les auteurs rendent des comptes».