La ville d'Alep a vécu l'enfer des bombardements incessants du régime avec près de 60 morts vendredi, au moment où l'ONU a annoncé avoir obtenu l'autorisation pour acheminer en juin de l'aide par voie terrestre à 12 zones assiégées en Syrie.

Alors que le Conseil de sécurité à New York était réuni pour discuter des moyens de fournir nourriture et médicaments à des centaines de milliers de personnes assiégées dans le pays en guerre, l'ONU a annoncé avoir reçu le feu vert du régime de Bachar al-Assad pour envoyer ces secours.

Des diplomates ont en outre rapporté que l'ONU allait demander dimanche l'accord du pouvoir à Damas pour pouvoir acheminer aussi de l'aide par largages aériens.

Dans Alep, la deuxième ville du pays ravagé par plus de cinq ans de conflit, au moins 57 civils ont péri dans des frappes de l'aviation du régime sur les quartiers est contrôlés par les rebelles, selon un dernier bilan de la défense civile.

Ces bombardements, « d'une folle intensité » selon un correspondant de l'AFP, sont les plus forts depuis un mois. Leur violence était telle que la prière du vendredi a été annulée et les rues étaient désertées, alors que les secouristes s'employaient à trouver des survivants dans les décombres d'immeubles endommagés ou détruits.

En soirée, le rythme des frappes a fortement diminué alors que les bombardements à la roquette étaient intermittents.

Au moins 43 civils ont péri dans la chute de barils d'explosifs largués par l'aviation, une arme destructrice dénoncée par les ONG, tandis que 14 sont morts dans un raid contre un bus circulant sur la route du Castello, le seul axe permettant un contact des secteurs rebelles avec l'extérieur, selon la défense civile.

Alep-Est « assiégée »

« La route du Castello est de facto coupée car tout mouvement est visé », a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cela signifie que les quartiers rebelles, où vivent quelque 200 000 personnes, « sont désormais totalement assiégés ».

Alep, l'ancienne capitale économique située dans le nord syrien, est divisée entre quartiers rebelles à l'est et quartiers contrôlés par le régime à l'ouest.

D'après les médias du régime, deux enfants ont péri dans des tirs des rebelles sur les quartiers gouvernementaux.

Toutes les tentatives de faire respecter durablement les trêves entre rebelles et régime ont échoué ces derniers mois, de même que les efforts d'un règlement politique du conflit qui a fait plus de 280 000 morts, poussé à la fuite des millions de personnes et favorisé la montée en puissance du très redouté groupe État islamique (EI).

L'escalade de la violence rend plus urgente la nécessité d'envoyer des aides humanitaires dans le pays, où près de 600 000 personnes, selon l'ONU, vivent dans 19 zones ou localités encerclées par les belligérants, principalement par le régime, et près de quatre millions dans des zones difficiles d'accès.

Au total, l'ONU avait demandé l'accès à l'aide humanitaire dans 34 zones assiégées ou difficiles d'accès. Damas a autorisé l'accès à 23 d'entre elles, dont 12 zones assiégées, a indiqué le bureau des opérations humanitaires de l'ONU.

Aide « limitée » à Daraya et Douma

Mais le régime a seulement accepté une livraison d'aide « limitée » dans trois zones assiégées, dont Daraya et Douma et a refusé l'accès au quartier Al-Waer à Homs (centre) et à la ville de Zabadani (sud-ouest).

Des diplomates à l'ONU ont néanmoins souligné que des autorisations accordées dans le passé par le régime ne s'étaient jamais matérialisées sur le terrain.

Sur un autre front, les forces du régime soutenues par l'aviation russe avançaient à partir du sud en direction de la ville de Tabqa, contrôlée par l'EI dans la province de Raqa (nord), a indiqué l'OSDH.

Dans le même temps, les Forces démocratique syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et appuyées par les États-Unis progressaient vers cette même ville mais à partir du nord, à la faveur d'une offensive lancée le 24 mai. La province de Raqa est contrôlée en grande majorité par l'EI.

Dans la province limitrophe d'Alep, le fief rebelle de Marea continue d'opposer une farouche résistance aux djihadistes de l'EI qui tentent de prendre la ville.

Dans cette même province, les FDS cherchent à s'emparer de la ville de Minbej, principale voie de ravitaillement entre Raqa, capitale de facto des jihadistes, et la Turquie.

De l'autre côté de la frontière, en Irak, les forces gouvernementales soutenues par l'aviation de leur allié américain ont avancé dans Fallouja malgré la résistance de l'EI, qui contrôle cette ville située à une cinquantaine de km à l'ouest de Bagdad et où sont bloqués quelque 50 000 civils.