Trois journalistes espagnols indépendants, enlevés il y a près de dix mois en Syrie, ont été libérés et se trouvent en lieu sûr, ont annoncé samedi soir le gouvernement espagnol et la Fédération des associations de journalistes du pays.

« Il y a quelques heures ont été libérés les journalistes espagnols Jose Manuel Lopez, Angel Sastre et Antonio Pampliega qui avaient été enlevés à Alep, dans le nord de la Syrie, il y a près de dix mois », a indiqué une porte-parole du gouvernement dans un court message.

« Tous les trois vont bien », a précisé à l'AFP cette porte-parole, selon laquelle la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, a pu parler avec eux samedi après-midi.

Dans son message, le gouvernement a assuré que cette libération avait été rendue « possible grâce au travail de nombreux fonctionnaires et à la collaboration de pays alliés et amis, spécialement dans la phase finale depuis la Turquie et le Qatar ».

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les trois reporters avaient été vus pour la dernière fois le 13 juillet 2015 dans le quartier de Maadi (Alep) qui était contrôlé par plusieurs groupes rebelles. Ils circulaient à bord d'une camionnette et avaient été emmenés par un groupe d'hommes.

Quand leur enlèvement avait été rendu public le 21 juillet, leurs familles avaient appelé les médias à faire preuve de « patience » et de « respect ».

La présidente de la Fédération des associations de journalistes en Espagne (FAPE), Elsa Gonzalez, a exprimé samedi « toute sa joie » en annonçant à l'AFP par téléphone : « Ils ont été libérés tous les trois, ils sont en lieu sûr ».

« Vocation de fer »

Selon Mme Gonzalez, les trois ex-otages devraient arriver dès dimanche près de Madrid, à une heure qui n'a pas été précisée.

À l'heure du soulagement, elle n'a pas manqué de mettre en avant l'implication de ces « journalistes free-lance aux salaires précaires mais à la vocation de fer ».

Mme Gonzalez n'a pas souhaité donner de détails sur leurs ravisseurs.

Le pays le plus dangereux du monde

En partant en mission en Syrie, ils savaient qu'ils se rendaient dans le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes selon l'organisation Reporters sans frontières (RSF), qui y a recensé des dizaines de décès de journalistes depuis 2011.

Les trois reporters travaillaient pour divers médias espagnols, notamment les quotidiens ABC et La Razon, la chaîne de télévision Cuatro et la radio Onda Cero.

Angel Sastre, 35 ans, avait commencé sa carrière de grand reporter en Amérique latine. Antonio « Toni » Pampliega, 33, avait contribué à la couverture (texte, photo, vidéo) du conflit en Syrie de l'AFP, jusqu'en 2013, tout comme le photographe Jose Manuel Lopez, 45 ans, récompensé par plusieurs prix, notamment pour ses images très fortes des victimes de la guerre, en Syrie et ailleurs.

En septembre 2013, trois autres journalistes espagnols avaient été enlevés en Syrie puis libérés en mars 2014.

Il s'agissait du reporter du quotidien El Mundo Javier Espinosa, du photographe free-lance Ricardo Garcia Vilanova, et du journaliste Marc Marginedas, du journal El Periodico, otages du groupe Etat islamique (EI).