Les efforts diplomatiques pour tenter de rétablir le cessez-le-feu en Syrie s'intensifient mercredi avec des discussions à Berlin impliquant l'Allemagne, la France, l'ONU et l'opposition syrienne, puis une réunion du Conseil de sécurité à New York.

Moscou a déclaré espérer un cessez-le-feu «dans les prochaines heures» à Alep, la grande ville divisée du nord de la Syrie, où de nouveaux combats et bombardements ont fait mardi une trentaine de morts.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a menacé le président syrien Bachar al-Assad de «répercussions» si Damas ne respectait pas le nouveau cessez-le-feu actuellement discuté entre Washington et Moscou, qui concerne notamment Alep.

L'ambassadeur britannique à l'ONU, Matthew Rycroft, a jugé que la situation à Alep était un dossier relevant «de la plus haute priorité». Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir à ce sujet mercredi, à la demande de la Grande-Bretagne et de la France.

Alep «est à la Syrie ce que Sarajevo était à la Bosnie», a estimé l'ambassadeur français auprès des Nations unies, François Delattre. «Les enjeux sont énormes», a-t-il déclaré à la presse.

Selon un photographe travaillant pour l'AFP, mardi a été la journée la plus dure qu'ait connu le secteur d'Alep contrôlé par le gouvernement depuis la reprise le 22 avril des hostilités dans la deuxième ville syrienne, où plus de 270 personnes ont été tuées en 12 jours.

Cette intensification des violences a fait voler en éclats la trêve entrée en vigueur à partir du 27 février sous l'impulsion de la Russie, alliée de Damas, et des États-Unis, qui soutiennent l'opposition.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a rencontré mardi à Moscou le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. «Nous devons nous assurer que la cessation des hostilités soit à nouveau sur les rails», lui a-t-il dit.

Offensive majeure des rebelles 

«J'espère que, au plus vite, peut-être même dans les prochaines heures, une telle décision sera annoncée», a déclaré M. Lavrov concernant un éventuel accord.

De son côté, M. Kerry a prévenu que si le président «Assad n'adhère pas à cela (un cessez-le-feu), il y aura clairement des répercussions».

Toujours sur le plan diplomatique, l'Allemagne a annoncé une rencontre mercredi à Berlin entre son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, son homologue français Jean-Marc Ayrault, Staffan de Mistura et le coordinateur de l'opposition syrienne Riad Hijab.

Sur le terrain, les rebelles ont lancé une offensive majeure avec de violents bombardements contre les secteurs gouvernementaux d'Alep, où au moins 16 civils ont été tués et plus de 60 blessés, selon l'agence officielle syrienne Sana.

Une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a donne un bilan de 19 morts et 80 blessés, dont certains grièvement atteints.

Une maternité touchée

L'agence Sana a indiqué notamment que «des obus tirés par les rebelles» contre une maternité dans le quartier du Gouvernorat avaient tué au moins «trois femmes et fait 17 blessés». Le bombardement a été confirmé par l'OSDH, qui ne disposait cependant pas d'un bilan.

Au total, quatre hôpitaux du côté rebelle et deux du côté gouvernemental ont été durement touchés par la dernière vague de violences.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mardi à l'unanimité une résolution qui réaffirme que les personnels de santé et les installations médicales doivent impérativement être protégés lors des conflits.

L'armée syrienne a fait état d'une «grande attaque sur plusieurs fronts d'Alep» menée par les groupes du Front al-Nosra (branche syrienne d'al-Qaïda), Ahrar al-Cham et Jaïch al-Islam, avec des «bombardements intenses sur des quartiers résidentiels».

L'offensive a commencé, selon un photographe de l'AFP, par une attaque contre le quartier général des services de renseignement de l'armée de l'air à Zahra, dans l'ouest de la ville.

L'aviation et l'artillerie gouvernementales ont répliqué en visant les quartiers rebelles de l'est de la ville. Les services de la Défense civile ont fait état de la mort de 11 civils.

Sur le front des combats contre le groupe djihadiste État islamique (EI), qui contrôle de larges pans du territoire, une série de raids aériens sur Raqa (est), son fief en Syrie, a tué 19 civils, selon l'OSDH.

L'ONG n'était cependant pas en mesure de préciser si les frappes avaient été menées par des avions russes ou par des appareils de la coalition internationale conduite par les États-Unis.