Le groupe État islamique (EI) était la cible jeudi d'une double offensive contre ses fiefs syrien de Palmyre et irakien de Mossoul, 48 heures après les attentats meurtriers que l'organisation djihadiste a revendiqués à Bruxelles.

Pour tenter de mettre fin au conflit syrien qui a favorisé la montée en puissance de ce groupe capable de frapper l'Europe, le chef de la diplomatie américaine John Kerry rencontrait à Moscou son homologue Sergueï Lavrov avant un entretien avec le président Vladimir Poutine.

À Genève, où un premier round de discussions indirectes entre le régime et l'opposition syriens a pris fin, l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura a annoncé qu'elles reprendraient autour du 9-10 avril.

Appuyée au sol par ses alliés -le Hezbollah libanais et  les forces spéciales russes- l'armée syrienne, également soutenue par l'aviation russe, est entrée dans la cité de Palmyre dans l'est de la Syrie pour en expulser l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et une source militaire syrienne.

Le ministère russe de la Défense a fait état de 146 frappes du 20 au 23 mars contre des «cibles terroristes» dans cette région contrôlée par le groupe djihadiste depuis mai 2015.

Les forces pro-régime, qui ont lancé l'offensive le 7 mars, sont entrées dans Palmyre du côté sud-ouest après des combats avec l'EI mais avancent «lentement en raison des mines» plantées par les djihadistes, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Elles sont également entrées du côté nord-ouest de la ville après avoir pris le contrôle d'une partie de la Vallée des tombeaux, a dit la source militaire.

Commando russe

Un commando des forces spéciales russes dirige sur place les opérations et «intervient directement quand c'est nécessaire», selon une autre source sur le terrain.

En soirée, l'artillerie syrienne continuait de bombarder les positions djihadistes mais les soldats n'avançaient plus en raison du danger des tireurs embusqués la nuit.

Quarante djihadistes et huit pro-régime ont péri ces dernières 24 heures dans les combats, selon l'OSDH.

Depuis qu'il a conquis Palmyre, l'EI y a détruit des trésors archéologiques comme le célèbre Arc de Triomphe, les temples de Bêl et de Baalshamin ou encore des tours funéraires symboles de l'essor de cette ville vieille de plus de 2000 ans et classée au patrimoine mondial de l'Humanité.

Sa reprise permettrait au régime de progresser plus à l'est dans le désert syrien vers la frontière avec l'Irak, contrôlée par les djihadistes.

Concomitamment, l'armée irakienne a lancé une offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays située dans le nord, une bataille qui s'annonce difficile.

La reprise de la ville est considérée comme l'objectif le plus important de la reconquête des territoires perdus lors de l'offensive éclair menée par l'EI en 2014 en Irak.

L'opération est menée par l'armée et une coalition de milices principalement chiites. Elle est appuyée également par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis qui a mené huit frappes sur les environs de Mossoul.

Les forces armées «ont débuté la première phase des opérations de conquête» de la province de Ninive dont Mossoul est le chef-lieu, a annoncé le commandement des opérations conjointes. Plusieurs localités situées à une soixantaine de km de Mossoul ont «été libérées», selon lui.

Mossoul, comme Palmyre, et surtout la ville syrienne de Raqa (nord), font partie du «califat» autoproclamé par le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi en juin 2014.

Briser la glace

Mercredi, au lendemain des attentats à l'aéroport de Bruxelles et à une station de métro (31 morts et 300 blessés), le président américain Barack Obama a érigé en priorité absolue la neutralisation de l'EI.

«Nous continuerons de combattre l'EI jusqu'à les chasser de Syrie et d'Irak, et que (le groupe) soit finalement détruit», a-t-il dit.

Une solution entre régime et rebelles syriens qui respectent globalement depuis le 27 février une trêve dans les combats, aiderait les grandes puissances à concentrer leurs efforts sur la lutte anti-EI.

À Genève, sous le parrainage de Moscou et Washington, régime et opposition ont achevé une session de discussions par l'intermédiaire de l'ONU, axée sur une «transition» politique.

Même s'il n'y a pas eu de progrès notables, les dix jours de pourparlers ont surtout servi à briser la glace.

Selon l'ONU, M. de Mistura a remis un document recensant «12 points de convergence» entre les deux camps dont la souveraineté de la Syrie, le refus de l'intervention étrangère ou le rejet du confessionnalisme.

Le sort du président Bachar al-Assad reste l'une des principales pierres d'achoppement, Washington et l'opposition appelant à son départ mais Moscou assurant que seul le peuple syrien peut décider de son sort.

Le conflit syrien, déclenché en mars 2011, a fait plus de 270 000 morts et provoqué une grave crise migratoire avec l'exode de millions de Syriens.