La privation forcée de nourriture pourrait faire des milliers de morts dans les zones assiégées de Syrie, a déclaré lundi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.

«Plus de 450 000 personnes sont actuellement prises au piège dans des villes et des villages de Syrie - et parfois depuis des années», a rappelé M. Zeid à l'ouverture du Conseil des droits de l'Homme à Genève.

«La nourriture, les médicaments et d'autres produits d'aide humanitaire d'urgence sont bloqués de façon répétée. Des milliers de personnes risquent de mourir de faim», a-t-il estimé.

«La privation délibérée de nourriture est sans conteste interdite en tant qu'arme de guerre. Et par extension, le siège (de localités) l'est également», a rappelé le Haut-Commissaire qui s'exprimait dans la Salle des droits de l'homme au Palais des Nations.

Mettant à profit la cessation des hostilités décrétée samedi, l'ONU a annoncé qu'elle allait renforcer ses opérations humanitaires pour porter assistance dans les cinq prochains jours à plus de 150 000 personnes bloquées dans des localités syriennes assiégées par l'un ou l'autre des belligérants.

Des aides humanitaires ont été acheminées lundi à une ville syrienne assiégée pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de la cessation des hostilités, a affirmé à l'AFP un responsable du Croissant-Rouge.

«Pour la première fois depuis le début de la trêve, dix camions transportant des couches pour bébé, des serviettes hygiéniques, des produits de nettoyage, du savon et des couvertures sont entrés aujourd'hui à Mouadamiyat al-Cham», une ville rebelle assiégée par l'armée du régime syrien au sud-ouest de Damas, a indiqué Mouhanad al-Assadi. Quarante et un autres doivent suivre dans la journée.

Au total, l'ONU prévoit, en plus des opérations en cours, «de livrer dans les cinq prochains jours de l'aide pour environ 154 000 personnes vivant dans des localités assiégées de Syrie», a-t-il ajouté.

Les Nations unies attendent le feu vert des parties au conflit «pour aider environ 1,7 million de personnes situées dans des zones difficiles d'accès», a-t-il précisé.

«Les évacuations sanitaires doivent être inconditionnelles», a encore déclaré M. Hillo. «L'ONU appelle toutes les parties à assurer un accès inconditionnel, libre et régulier à la totalité des quelque 4,6 millions de personnes se trouvant dans des localités difficiles d'accès ou assiégées dans toute la Syrie».

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a de son côté réclamé lundi l'accès à ces zones afin d'acheminer de l'aide médicale.

«Toutefois, beaucoup de demandes ne sont pas approuvées par les autorités syriennes», a souligné Elizabeth Hoff, représentante de l'OMS en Syrie. «En 2015, l'OMS a déposé 102 demandes: 30 ont été approuvées et 72 sont restées sans réponse», a-t-elle révélé.

Le conflit en Syrie a fait en l'espace de cinq ans 270 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.