Près de 60 personnes ont péri samedi dans des raids de l'aviation russe contre un bâtiment servant de prison au réseau djihadiste Al-Qaïda en Syrie, pays ravagé depuis près de cinq ans par une guerre dévastatrice, a indiqué une ONG.

Sur un autre plan, des préparatifs sont en cours pour acheminer au plus tard lundi de l'aide humanitaire à trois villes au bord de la famine en Syrie - Madaya, Foua et Kafraya -, a déclaré le Croissant rouge syrien.

Le bilan des frappes russes contre un immeuble utilisé par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, comme prison à Maaret al-Noomane (nord-ouest) n'a cessé de s'alourdir, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) parlant de 57 morts en soirée.

« Le bilan est monté à 57 morts, dont 21 civils y compris un enfant et deux femmes, 23 combattants d'Al-Nosra, 6 rebelles et sept détenus », a précisé l'ONG. Et il risque de s'alourdir encore car « 30 blessés sont dans un état critique ».

Le centre de détention se trouve près d'un marché populaire de cette ville contrôlée par les rebelles et Al-Nosra dans la province d'Idleb (nord-ouest).

La Russie est intervenue fin septembre dans le conflit pour venir en aide aux troupes du régime face aux rebelles et aux djihadistes. Fin décembre, l'OSDH avait affirmé que les frappes russes avaient fait en trois mois 2371 morts, dont près d'un tiers de civils.

La guerre en Syrie a été déclenchée par la répression en mars 2011 de manifestations pacifiques réclamant des réformes. Opposant au départ le régime de Bachar al-Assad à des opposants armés elle s'est ensuite complexifiée avec l'implication de groupes djihadistes ainsi que des grandes puissances sur un territoire de plus en plus morcelé.

Plus de 260 000 personnes ont péri dans le conflit et plusieurs millions ont été poussées à la fuite, alors que la situation humanitaire y est catastrophique.

Selon le chef des opérations du Croissant rouge syrien Tamam Mehrez, une aide humanitaire de l'ONU et du Comité international de la Croix-Rouge doit être acheminée aux quelque 60 000 habitants au bord de la famine des villes assiégées de Madaya, Foua et Kafraya.

Distribution lundi de l'aide 

« Il y a un accord et techniquement nous sommes prêts à commencer la distribution dès dimanche. Mais en cas de problèmes de logistique ce sera lundi au plus tard », a-t-il dit à l'AFP.

« C'est sûr que la distribution d'aide n'aura pas lieu dimanche pour des raisons logistiques. Nous travaillons dur pour qu'elle ait lieu lundi », a déclaré de son côté à l'AFP Pawel Krzysiek, porte-parole du CICR à Damas.

L'ONU et le CICR doivent faire parvenir de l'aide aux 42 000 habitants de Madaya, dans la province de Damas, où selon Médecins sans Frontières 23 personnes sont mortes de faim depuis le 1er décembre. Dans le même temps, les 20 000 habitants des localités chiites de Foua et Kafraya, dans la province d'Idleb, encerclées par les rebelles, doivent eux aussi recevoir une aide.

Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU doit évoquer à huis clos la situation dans ces trois villes.

Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), « l'ONU a reçu des rapports crédibles sur des personnes qui meurent de faim et ont été tuées en essayant de quitter la ville ».

Alors que jusqu'à présent tous les efforts en vue d'une solution politique ont échoué en Syrie, le régime a insisté samedi auprès du médiateur de l'ONU pour voir la liste de la délégation de l'opposition qui se rendra aux négociations de paix censées débuter le 25 janvier.

À l'issue d'une rencontre à Damas avec Staffan de Mistura à Damas, le chef de la diplomatie Walid Mouallem a confirmé, selon l'agence Sana, que son gouvernement participerait à ces négociations dont l'objectif est de mettre en place une autorité transitoire négociée entre le régime et l'opposition.

La brève visite de M. de Mistura à Damas fait partie d'une tournée qu'il effectue dans les pays de la région pour préparer ces négociations. Après s'être rendu à Riyad et Ankara, il est attendu dimanche à Téhéran.