Le régime syrien est prêt à prendre part à des négociations prévues fin janvier pour mettre fin à la guerre, mais attend de savoir quels groupes de l'opposition y seront conviés, Damas considérant la plupart d'entre eux comme des «terroristes».

Sur le terrain, le groupe jihadiste État islamique (EI) a marqué un point face aux forces loyalistes en élargissant son contrôle sur une ville dans l'est du pays, au terme d'affrontements et d'attaques suicide qui ont fait 26 morts du côté des forces prorégime.

C'est la montée en puissance de l'EI qui a poussé, pour la première fois en près de cinq ans de conflit, les 15 membres du Conseil de sécurité, y compris la Russie, à adopter le 19 décembre une feuille de route pour une solution politique à la guerre en Syrie qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de déplacés.

Le texte prévoit des négociations opposition-régime, un cessez-le-feu, un gouvernement de transition et des élections dans les 18 mois. Les pourparlers doivent se tenir à Genève «fin janvier», selon l'ONU.

«La Syrie est prête à participer au dialogue inter-syrien (...) sans interférence étrangère», a déclaré jeudi le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem.

«Notre délégation sera prête dès que nous aurons reçu la liste de la délégation de l'opposition», a-t-il souligné.

Nombreuses divergences

Le régime de Damas qualifie de «terroristes» tous les groupes qui ont pris les armes pour réclamer le départ de Bachar al-Assad, ne faisant aucune différence entre les rebelles et les jihadistes du Front al-Nosra --la branche syrienne d'Al-Qaïda-- ou de l'EI.

La Jordanie, chargée par les 17 pays du Groupe de soutien à la Syrie de préparer une liste des groupes considérés comme terroristes à exclure des négociations, avait indiqué le 21 décembre qu'il y avait un «consensus» pour écarter le Front Al-Nosra et l'EI.

Le 10 décembre, une centaine de représentants des principaux groupes de l'opposition politique et armée réunis à Ryad avaient annoncé leur accord pour des négociations avec Damas, mais exigé le départ du président avec le début d'une éventuelle période de transition.

La communauté internationale reste divisée sur le sort d'Assad, les Occidentaux souhaitant son départ, sans dire à quel moment, et les Russes lui apportant un soutien infaillible.

Parmi les autres points d'achoppement figure la mise en place d'une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs prévue par l'ONU. M. Mouallem fait référence à un simple «gouvernement d'union nationale» qui selon la Constitution actuelle est présidé par le chef de l'État.

«Ce gouvernement (d'union nationale) formera un comité constitutionnel chargé de réfléchir à une nouvelle constitution avec une nouvelle loi électorale afin que des élections législatives puissent se tenir dans les 18 mois», a assuré M. Mouallem.

L'EI avance dans Deir Ezzor

Sur le terrain, l'EI s'est emparé du quartier industriel de Deir Ezzor (450 km au nord-est de Damas), après une offensive lancée mercredi, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'attaque a été déclenchée après que trois kamikazes de l'EI se sont introduits dans le quartier en faisant exploser leurs voitures piégées, tuant au moins 11 membres des forces loyales au régime, a indiqué l'ONG.

Les violents affrontements qui ont suivi ont alourdi le bilan, avec au total, 26 combattants prorégime et 12 jihadistes tués.

Depuis 2014, les combattants de l'EI contrôlent la quasi-totalité de la province pétrolière de Deir Ezzor, mais la moitié de la capitale provinciale du même nom est toujours aux mains des forces gouvernementales.

Si l'EI venait à s'en emparer, elle serait la deuxième capitale provinciale, après Raqa (nord), à tomber sous son contrôle.

Mais dans le nord, les Forces démocratiques syriennes (FDS) --une coalition kurdo-arabe-- ont gagné du terrain face aux jihadistes, sur la rive est de l'Euphrate, a indiqué le porte-parole du groupe.

Les FDS ont lancé leur offensive mercredi pour reprendre à l'EI le barrage de Tichrine, situé sur le fleuve, et ont fait reculer de 8 kilomètres les jihadistes, arrivant ainsi jeudi à 12 km du barrage, a précisé le colonel Talal Sello, indiquant que les combattants étaient appuyés par les raids de la coalition internationale conduite par les États-Unis.