Le 29 novembre dernier, les clients d'un marché public du nord de la Syrie ont été pris de court par une attaque aux missiles. En l'espace de quelque temps, la rue principale animée d'Ariha s'est transformée en carnage, alors que les voitures brûlaient et que les victimes hurlaient d'horreur.

Au moins 34 civils ont péri dans l'offensive qui aurait été menée par des Russes, selon des militants. Et selon l'opposition syrienne et des militants, il ne s'agit pas de la seule attaque sur des civils perpétrée par Moscou depuis le début de son intervention militaire formelle, il y a près de trois mois.

Les autorités russes ont toujours nié les allégations, alors que les résidants et les militants reconnaissent qu'ils ne peuvent pas prouver avec certitude que les Russes sont bel et bien derrière ces opérations.

Des groupes de droits de la personne ont toutefois suggéré que la Russie, en s'en prenant à la population, porte atteinte au droit international et ces accusations pourraient s'apparenter à des crimes de guerre, selon eux.

Dans un rapport publié lundi, Amnistie internationale a annoncé qu'elle avait des «preuves documentées» que l'armée russe avait utilisé des munitions à fragmentation et des bombes non guidées dans des zones résidentielles.

Le porte-parole du ministre de la Défense Igor Konashenkov a rejeté les accusations d'Amnistie, qui déborderaient de «faussetés et de clichés». Il a indiqué que le groupe se basait sur des informations fournies par les militants qu'il ne pourrait pas vérifier ou prouver.

Il a particulièrement critiqué l'idée que la Russie ciblait des régions qui ne sont pas peuplées par des militants extrémistes.

«Les djihadistes en Syrie opèrent dans des unités hautement mobiles. Ils utilisent des camions Toyota avec des armes de haut calibre montés dessus. Chacun de ces véhicules est considéré comme une unité tactique et représente une cible militaire légitime», a-t-il expliqué.

L'enquête d'Amnistie fait état de six attaques dans les provinces de Homs, Idlib et Alep entre le mois de septembre et de novembre, qui auraient coûté la vie à au moins 200 civils. Le groupe aurait des photos et des vidéos pour prouver ses propos.

Ce rapport faisait suite à des allégations semblables formulées par le Human Rights Watch, la semaine dernière. Selon l'organisme de New York, des munitions à fragmentation ont été utilisées à au moins 20 occasions depuis le début de l'offensive russe.

M. Konashenkov a également nié que la Russie s'était servie de munitions à fragmentation.

Attaques près de la capitale

Par ailleurs, le gouvernement syrien s'est attaqué mercredi à un bastion des rebelles près de la capitale, dans la ville de Mouadamiyeh. Des tirs d'artillerie retentissaient pendant que des hélicoptères larguaient des barils d'explosifs.

Cette région aurait également été la cible d'une attaque à l'arme chimique, la veille, selon des militants. Cinq personnes, dont un civil seraient morts par suffocation mardi soir. L'attaque chimique n'a pas pu être confirmée par d'autres sources.