Vladimir Poutine a déclaré vendredi qu'il ne se sentait pas le «droit» de demander au président syrien Bachar al-Assad de quitter le pouvoir comme l'exigent Occidentaux et pays arabes, à la veille de pourparlers à Vienne sur le conflit en Syrie.

«La Syrie est un pays souverain et Bachar al-Assad est le président, élu par le peuple. Avons-nous donc le droit d'évoquer avec lui de telles questions? Bien entendu, non», a affirmé M. Poutine dans une interview publiée sur le site du Kremlin.

«Seuls ceux qui se sentent exceptionnels se permettent de se conduire d'une manière si éhontée, imposant aux autres leur volonté», a-t-il poursuivi dans une claire allusion aux Américains, qui exigent comme leurs alliés le départ de Bachar al-Assad.

Pour Londres, Assad «doit partir»

Le président Assad «doit partir, dans le cadre de la transition en Syrie», a déclaré vendredi à Prague le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond.

«Bachar al-Assad doit partir, dans le cadre de la transition en Syrie, mais nous reconnaissons que s'il y a une transition il pourrait y participer», a indiqué M. Hammond.

«Nous restons très clairs : nous n'allons pas chercher à détruire les institutions gouvernementales en Syrie. Nous disons clairement que nous souhaitons maintenir ces institutions», a-t-il insisté.

Négociations à Vienne

Des pourparlers internationaux rassemblant une vingtaine de pays doivent se tenir samedi à Vienne afin de tracer les contours d'une transition politique en Syrie, ravagée par quatre ans et demi de guerre.

Vladimir Poutine a en outre réaffirmé que l'intervention de l'aviation russe en Syrie, entamée le 30 septembre, durerait tout au long de l'offensive des forces gouvernementales.

«Les forces russes ont un objectif clair : fournir un soutien aérien à l'offensive de l'armée syrienne contre les terroristes. La présence de nos militaires est liée exclusivement à la réalisation de cet objectif», a souligné le président russe.

M. Poutine a également critiqué ce qu'il considère comme un manque de coopération des États-Unis dans le domaine militaire, malgré un mémorandum signé entre les aviations des deux pays pour éviter les incidents dans le ciel syrien.

«Ce genre de contacts ne peut en aucun cas être considéré comme une normalisation des contacts militaires (entre Moscou et Washington), qui ont été gelés à leur initiative», a-t-il jugé.

Le président russe a néanmoins répété que Moscou était prêt à coopérer avec Washington en Syrie tout en regrettant l'attitude «extrêmement réservée» des Occidentaux face à l'intervention russe.

La Russie et l'Iran, soutiens indéfectibles du régime de Damas, ne sont pas d'accord avec les États-Unis et leurs alliés européens et arabes sur le sort à réserver à Bachar al-Assad et sur les groupes combattants pouvant être qualifiés comme «terroristes» et ceux pouvant être considérés comme faisant partie de l'opposition «modérée» syrienne.