L'armée syrienne, forte de l'appui crucial aérien russe, avançait sur plusieurs fronts lundi au prix de violents combats avec les rebelles islamistes, l'Union européenne dénonçant à son tour l'aide de Moscou au régime de Bachar al-Assad.

Les États-Unis, eux aussi hostiles à l'intervention russe dans la guerre en Syrie, ont choisi de venir en aide à d'autres rebelles combattant le groupe jihadiste État islamique (EI), auxquels ils ont parachuté dimanche des munitions dans le nord du pays.

Dans ce conflit rendu très complexe par la multitude des acteurs, les Russes appuient M. Assad en jugeant tous ceux qui lui sont opposés sur le terrain comme des «terroristes», alors qu'Américains et Européens insistent sur un départ d'Assad, appuient des groupes rebelles qu'ils qualifient de «modérés» et veulent surtout se débarrasser de l'EI.

Insistant toujours sur un processus politique pour mettre fin au conflit qui perdure, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura se rendait lundi à Moscou puis à Washington. «Il est clair que l'intervention militaire russe a introduit une nouvelle dynamique», a-t-il dit.

Au 13e jour de son intervention en Syrie, l'aviation russe a bombardé sans relâche, en appui à une contre-offensive du régime, les positions de rebelles islamistes alliés au Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda).

Au sol, l'armée et ses alliés -les milices prorégime, les combattants du Hezbollah libanais et des militaires iraniens- tentaient de reprendre le terrain perdu dans le centre, l'ouest et le nord du pays en guerre depuis plus de quatre ans.

Reprise de plusieurs secteurs

L'armée a annoncé avoir repris la localité clé de Kafar Nabouda, dans la province centrale d'Hama, mais l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué que les combats s'y poursuivaient et fait état de 14 morts.

«Il s'agit de la plus violente bataille depuis le début de l'intervention russe en Syrie le 30 septembre», selon l'OSDH. L'objectif est d'avancer vers Khan Cheikhoun, un fief du Front al-Nosra dans le sud de la province d'Idleb, et de l'encercler.

L'armée a fait état de la prise de neuf localités autour de Khan Cheikhoun depuis le début de la contre-offensive il y a près d'une semaine.

Et selon une source militaire, elle a aussi pris cinq villages dans la région montagneuse de la province occidentale de Lattaquié, dont le plus important est Jib Ahmar.

L'offensive vise à terme à reprendre aux rebelles la plaine de Sahl Ghab, à l'intersection des provinces d'Hama, Lattaquié et d'Idleb. Les rebelles s'étaient emparés d'une grande partie de la plaine menaçant la province de Lattaquié, acquise en grande partie au régime et la ville d'Hama également tenue par l'armée.

L'armée a aussi annoncé la prise de la zone franche à la lisière (nord-est) d'Alep. Elle cherche ainsi à couper les lignes d'approvisionnement des rebelles à Alep et se trouve quasiment en face des jihadistes de l'EI.

Munitions américaines

Alors que les frappes russes s'intensifient, les 28 pays de l'Union européenne ont sommé Moscou de «cesser immédiatement» ses frappes contre les insurgés «modérés» et estimé qu'il «ne peut y avoir de paix durable avec les dirigeants actuels».

Pour leur part, les États-Unis ont parachuté des munitions «à des groupes arabes syriens dont les responsables ont fait l'objet de vérifications appropriées par les États-Unis, selon le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom).

Selon l'OSDH, les armes ont été livrées aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition regroupant les Unités de protection du peuple kurde (YPG) et le groupe majoritairement arabe Burkan al-Furat. Ces forces ont déjà montré leur efficacité en chassant l'EI de plusieurs localités à la frontière avec la Turquie.

Les États-Unis sont à la tête d'une large coalition qui bombarde depuis plus d'un an l'EI, un puissant groupe ultraradical qui contrôle la moitié du territoire syrien, sans parvenir à le neutraliser. Ils reprochent à Moscou de ne pas frapper principalement cette organisation.

Déclenché en mars 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée, le conflit en Syrie s'est mué en guerre ouverte qui a fait plus de 240 000 morts, poussé à la fuite des millions de Syriens et provoqué une grave crise migratoire.