La Bulgarie a annoncé mardi avoir refusé à des avions russes de traverser son espace aérien la semaine dernière, sur fond de craintes des pays de l'OTAN d'un appui militaire croissant de Moscou au pouvoir de Damas.

«Les avions étaient censés transporter de l'aide humanitaire, mais nous avions des informations dignes de confiance selon lesquelles le chargement déclaré n'était pas celui qu'il y avait en réalité» à leur bord, a dit à l'AFP la porte-parole du ministère bulgare des Affaires étrangères, Betina Joteva.

Cette décision, que la Bulgarie dit avoir prise de façon indépendante, fait suite à des informations lundi selon lesquelles les États-Unis ont demandé à la Grèce de ne pas autoriser les avions russes effectuant des livraisons en Syrie à emprunter son espace aérien.

La diplomatie russe a réclamé des explications à Sofia et à Athènes.

«Si quelqu'un, et dans ce cas il s'agit de nos partenaires grecs et bulgares, a des doutes, alors bien entendu il doit nous expliquer quel est le problème», a déclaré mardi soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par l'agence de presse russe Interfax.

«S'il est avéré qu'ils prennent des mesures restrictives ou d'interdiction à la demande des Américains, alors cela soulève des questions sur leur droit souverain à prendre des décisions sur le passage par leur espace aérien d'avions d'autres pays, comme la Russie», a noté M. Bodganov.

Plus tôt, Vladimir Djabarov, vice-président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement), s'en est pris à la Bulgarie.

«Le fait que les Bulgares ont été les premiers à répondre (à la demande de Washington, ndlr), ils l'auront sur leur conscience», a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse officielle Tass.

Il a affirmé que la Russie n'envoyait en Syrie que des «chargements humanitaires», estimant qu'il n'«était pas rentable de transporter des armes par avion».

Inquiétude de l'OTAN 

À Bruxelles, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg s'est déclaré «inquiet des informations selon lesquelles la Russie pourrait avoir déployé du personnel militaire et des avions en Syrie», dans un échange de vues organisé mardi sur sa page Facebook, en réponse à une question de l'AFP.

Il a mis en garde contre tout soutien au pouvoir du président syrien Bachar al-Assad, propre selon lui à provoquer une escalade du conflit.

Samedi, le secrétaire d'État américain John Kerry avait appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part de l'«inquiétude des États-Unis» quant à un éventuel engagement militaire de Moscou en Syrie.

M. Lavrov avait souligné au cours de cet entretien que «la partie russe n'avait jamais caché livrer des équipements militaires aux autorités syriennes pour lutter contre le terrorisme», selon la diplomatie russe.

La Bulgarie n'a pas précisé combien d'avions russes s'étaient vu interdire en fin de semaine dernière de passer par son espace aérien.

Côté grec, une source au ministère des Affaires étrangères avait déclaré lundi qu'Athènes avait reçu une demande des États-Unis en ce sens et étudiait actuellement cette requête.

Mardi soir, un porte-parole du gouvernement grec a indiqué que la Russie avait envoyé une demande de survol il  y a 25 jours.

«Le gouvernement a commencé à étudier cette demande, mais entretemps la Russie a décidé d'elle-même d'emprunter un autre itinéraire», a-t-il indiqué à l'AFP.

M. Djabarov a rappelé mardi que la majeure partie des avions russes en direction de la Syrie passaient par le Caucase et l'Iran.

Des responsables américains ont déclaré mardi à l'AFP qu'au moins trois avions de transport militaire russes avaient atterri en Syrie ces derniers jours.

Deux des avions étaient des avions cargo géant Antonov 124 Condor et le troisième était un avion de transport de passagers, selon ces sources. D'après l'une d'elles, les avions ont atterri sur un aéroport de la région de Lattaquié, un fief du président Assad.

Les Russes ont également installé à cet endroit des bâtiments provisoires, pouvant abriter «des centaines de personnes», et de l'équipement aéroportuaire, selon cette source.

«Tout ceci suggère l'installation d'une base aérienne avancée», a ajouté cette source, en précisant qu'elle n'avait «pas d'informations» sur la présence éventuelle d'armes russes sur place.