Les autorités syriennes ont choisi de bâillonner l'opposition de l'intérieur en lui interdisant pour la première fois lundi de tenir une conférence de presse à Damas, ce qui représente un durcissement sans précédent depuis le début de la guerre en Syrie.

Deux groupes de cette opposition «tolérée» jusqu'à présent par le régime avaient décidé d'organiser une conférence de presse pour annoncer un mémorandum conjoint préconisant une «solution politique» au conflit qui ravage la Syrie depuis trois ans et la fin du «régime autocratique».

Il s'agit du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCNCD) et du «Front de changement et de libération» (FCL).

«Des membres des services de sécurité en ont empêché la tenue et interdit aux journalistes d'entrer au siège du FCL» où devait se tenir ce point de presse, a affirmé Hassan Abdel Aazim, coordinateur du CCNCD, contacté par l'AFP depuis Beyrouth.

«Un barrage de huit hommes en tenue militaire a été installé devant le siège», a précisé Safouane Akkach, membre du CCND.

«Les journalistes ont été empêchés d'entrer sous prétexte qu'ils n'avaient pas d'autorisation pour couvrir l'évènement, sachant que tous sont accrédités par le ministère de l'Information», a ajouté l'opposant.

C'est la première fois qu'une conférence tenue par l'opposition de l'intérieur est interdite depuis le début de la guerre en mars 2011, qui avait commencé par des manifestations pacifiques contre le régime avant de dégénérer en conflit armé.

En octobre 2013, un membre du FCL qui avait rejoint le gouvernement, Qadri Jamil, avait été démis de ses fonctions de vice-premier ministre.

Selon M. Akkache, «le régime n'a pas apprécié le fait qu'avec ce mémorandum, le FCL soit devenu un mouvement d'opposition hors de l'orbite du régime».

Le texte signé entre les deux parties s'oppose à toute ingérence étrangère en Syrie et à une «solution militaire», mais appelle surtout au «passage d'un régime autocratique à un système démocratique pluraliste».

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le ministère syrien de l'Information, sur ordre du bureau de presse du palais présidentiel, a interdit «aux journalistes de couvrir toute conférence de presse de l'opposition présente à Damas ou d'interviewer des opposants».

Le clan du président Bachar al-Assad dirige la Syrie d'une main de fer depuis plus de 40 ans, muselant opposition et presse.

Selon cette ONG, le régime a mis des dizaines de milliers de personnes en prison depuis le début du conflit qui a fait plus de 170 000 morts.