L'armée syrienne a annoncé lundi avoir repris une position clé dans la province côtière de Lattaquié (ouest), un fief du régime où les rebelles ont lancé une offensive inédite il y a 10 jours.

«Des unités de l'armée syrienne contrôlent entièrement l'Observatoire 45 dans le nord de la province de Lattaquié et continuent de pourchasser les groupes terroristes», a annoncé l'armée, citée par la télévision syrienne.

L'Observatoire 45 est une colline surplombant plusieurs localités alaouites, communauté minoritaire en Syrie à laquelle appartiennent la plupart des cadres du régime et pour laquelle la province de Lattaquié est un fief.

Cette colline avait été prise par les rebelles la semaine dernière dans le cadre de leur offensive lancée le 21 mars dans cette province dont la principale ville, Lattaquié, est restée relativement à l'écart des violences depuis trois ans.

Outre l'Observatoire 45, les rebelles ont pris Kassab, localité arménienne et poste-frontière avec la Turquie, et Samra, qui leur a donné pour la première fois un accès à la Méditerranée.

C'est aussi la première fois que cette province est témoin de combats aussi acharnés et sanglants avec plus de 300 morts des deux bords depuis le 21 mars, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon cette organisation, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales, «l'armée syrienne est parvenue à installer des lance-roquettes multiples sur l'Observatoire 45 mais les combats continuent de faire rage dans les environs».

Après une série de revers dans la province de Damas, où ils ont perdu de nombreux bastions dans les montagnes de Qalamoun, les rebelles tentent de mettre la pression sur Lattaquié, farouchement défendue par l'armée mais également par des milices pro-régime majoritairement alaouites.

Lundi, ils ont ainsi visé pour la première fois avec des roquettes Grad l'aéroport Bassel al-Assad, du nom d'un frère défunt du président syrien, près de la ville de Qardaha, berceau du clan Assad et qui abrite le mausolée de l'ex-président Hafez al-Assad.

«Les roquettes sont tombées près de l'aéroport sans faire de victime ni de dégâts», a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, précisant qu'il s'agissait «d'un aéroport civil clé pour le régime».

La guerre en Syrie, qui avait commencé par une révolte pacifique réprimée dans le sang, semble s'éterniser, aucune des deux parties ne parvenant à prendre le dessus malgré les avancées de l'armée dans les provinces de Damas et de Homs (centre).

Depuis 2013, le conflit est devenu également plus complexe avec des combats opposant des groupes autrefois alliés contre le régime: l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe jihadiste originaire de l'Irak, face aux rebelles et au Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie.

Sur ce front, le bilan des combats féroces dans la province de Hassaka (nord-est) qui opposent les deux bords depuis 10 jours s'est élevé à au moins 120 morts, dont 56 pour la seule journée de samedi.

Au centre de cette bataille, la localité stratégique de Markada, située sur la route d'approvisionnement de l'EIIL à partir de l'Irak et prise par ce groupe samedi.

Par ailleurs, selon l'OSDH, citant des sources rebelles et des militants, 22 miliciens pro-régime ont été exécutés la semaine dernière près de la localité de Sfira dans la province d'Alep (nord) après être tombés dans une embuscade rebelle. L'ONG, toujours en citant ces sources, a indiqué que certains miliciens avaient été décapités par des rebelles islamistes, les autres exécutés par balles.