Vingt-deux personnes ont été exécutées mardi dans le nord de la Syrie par des combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le plus radical des groupes jihadistes en Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Toujours selon l'OSDH, au moins huit personnes ont été tuées dans un triple attentat suicide mené par des jihadistes contre un hôtel dans la ville kurde de Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, alors que les forces pro-régime avançaient dans la région du Qalamoun, proche de la frontière libanaise.

«Des membres de l'EIIL ont exécuté au moins 22 personnes par balle et à l'arme blanche après avoir pris le contrôle du secteur de Chouyoukh, en banlieue de Jaraboulous», près de la frontière turque, a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

«Au moins 12 rebelles armés» figurent parmi les personnes exécutées, a-t-il précisé.

L'EIIL avait pris Jaraboulous en février aux rebelles.

Depuis début janvier, plusieurs groupes rebelles ont lancé une offensive contre l'EIIL, l'accusant d'exactions et de velléités hégémoniques faisant le jeu du régime de Bachar al-Assad. Près de 3.300 personnes ont été tuées dans ces affrontements, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales.

A Qamishli, trois hommes de l'EIIL ont fait détoner leurs ceintures d'explosifs dans l'hôtel Hadaya, tuant huit personnes, dont quatre femmes, a précisé l'OSDH, faisant également état de plus de 20 blessés.

L'agence officielle Sana a évoqué un bilan de cinq morts et huit blessés.

Un militant kurde sur place a indiqué à l'AFP que l'hôtel était une base des forces de sécurité kurdes «Asayish».

Qamichli est la plus grande ville à majorité kurde tenue par le régime et les milices kurdes. Elle est relativement épargnée par les combats, depuis le début du conflit qui selon l'OSDH a fait plus de 140.000 morts en trois ans.

Les Kurdes ont tenté de ne pas s'impliquer dans le conflit entre régime et rebelles, jusqu'au moment où ils ont été attaqués par les jihadistes qui se disputent le même territoire à la lisère de l'Irak.

Au Qalamoun, région montagneuse au nord de Damas et près de la frontière libanaise, les forces loyalistes, en particulier l'armée soutenue par le Hezbollah libanais, «se sont emparées de larges secteurs dans la zone de Mazareh-Rima», après plus d'un mois d'affrontements avec des combattants du Front al-Nosra, de l'EIIL et de brigades islamistes rebelles, selon l'OSDH.

Dans cette région, les forces loyalistes cherchent à conquérir la ville rebelle de Yabroud, pour bloquer la frontière avec le Liban.

C'est à Yabroud que le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, détenait un groupe de religieuses chrétiennes enlevées début décembre et libérées dimanche soir. Le ministre de l'Information, Omrane al-Zohbi, a affirmé que les autorités avaient relâché seulement 25 prisonniers en échange des 13 religieuses et de leurs trois auxiliaires.

Selon des médiateurs et l'opposition, leur libération avait été obtenue en échange de la remise en liberté de 150 prisonnières détenues par le régime syrien.

«Il n'y a pas plus de 25 personnes qui ont été libérées en contrepartie de la libération des religieuses de Maaloula et il s'agit de personnes qui n'ont pas de sang du peuple syrien sur les mains», a indiqué l'agence officielle Sana, citant M. Zohbi. «Tout ce qui a été dit sur cette question n'est pas exact et a été exagéré».

Depuis le début de la révolte anti-Assad en mars 2011, le régime s'est présenté comme «le protecteur des minorités» religieuses et ethniques.