Plus de 200 civils ont été évacués mercredi de l'enclave rebelle à Homs assiégée par l'armée et des vivres y ont été acheminés, alors que les négociations à Genève destinées à mettre fin au conflit en Syrie piétinent.

Le médiateur international Lakhdar Brahimi qui mène ces négociations rencontrera jeudi des représentants américain et russe dans la ville suisse et il n'y aura probablement pas de pourparlers entre régime et opposition, selon des sources des deux délégations.

Sur le terrain, les combats continuent de faire rage et depuis le lancement le 22 janvier de ces pourparlers, le nombre de morts n'a jamais été aussi élevé en trois ans de révolte, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) en faisant état de 4995 morts en trois semaines.

Près de Damas, l'armée a lancé une offensive terrestre appuyée par l'aviation pour conquérir Yabroud, dernier bastion rebelle dans la région stratégique du Qalamoun, selon l'ONG qui a fait état de 17 morts. Dans le Sud, 19 civils ont été tués par l'aviation du régime et dans le Nord, à Alep, des raids aux barils d'explosifs ont fait 12 morts.

En revanche, une trêve est respectée à Homs (centre) pour permettre de poursuivre l'opération humanitaire.

Un nouveau groupe de 217 civils, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été évacués «sans incident» de la vieille ville de Homs, tenue par les rebelles et assiégée par les troupes gouvernementales depuis 20 mois, selon le gouverneur de la province de Homs Talal Barazi.

En outre, 190 rations de nourriture et 4700 kg de farine de blé y ont été envoyées, selon le Croissant rouge.

Jusqu'à présent, selon le Programme alimentaire mondial, 310 rations et 1,5 tonne de blé ont été distribuées dans les zones rebelles de cette troisième ville de Syrie dévastée par les combats et frappée par la famine.

Trêve prolongée à Homs?

Alors que l'opération humanitaire était censée s'achever mercredi, une réunion devait se tenir en soirée pour discuter de la possibilité de prolonger la trêve à Homs et poursuivre les aides, a précisé le gouverneur.

Depuis vendredi, en vertu d'un accord entre régime et rebelles négocié par l'ONU, plus de 1.400 Syriens, en grande majorité des enfants, des femmes et des personnes âgées, ont été évacués. Au moins 500 enfants figurent parmi eux, selon le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef).

Selon le Haut-commissariat des réfugiés, 336 hommes âgés entre 15 ans et 55 ans ont été interpellés «pour être interrogés» par les autorités après leur évacuation et seuls 42 ont ensuite été relâchés. Le gouverneur a parlé de 111 libérations.

Les militants coincés à Homs ont d'ailleurs affirmé qu'ils craignaient de partir de peur d'être arrêtés. «Il y a quelque 60 militants dans les zones assiégées. Certains veulent sortir, mais ils ne le feront pas à moins de garanties pour leur sécurité», a dit l'un d'eux.

L'opération humanitaire à Homs est la seule note relativement positive dans les développements en Syrie ravagée par les violences qui ont fait plus de 136.000 morts depuis le début du conflit en mars 2011.

Depuis le 22 janvier, le nombre quotidien de morts n'a jamais été aussi élevé en trois ans de révolte, a d'ailleurs souligné l'OSDH.

«Il y a eu en moyenne 236 morts chaque jour depuis (...) À quoi servent ces négociations si elles ne garantissent pas l'arrêt immédiat de toutes les opérations militaires», a dit le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

Dialogue de sourds à Genève

À Genève, représentants du régime et de l'opposition se sont retrouvés pour une nouvelle réunion avec le médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi qui s'est encore montré pessimiste.

Ce deuxième round lancé lundi et qui doit s'achever vendredi, n'avance pas, les protagonistes étant en désaccord absolu: le régime veut faire de la «lutte contre le terrorisme» sa priorité dans les discussions et l'opposition veut parler en premier d'une autorité transitoire sans le président Bachar al-Assad.

L'opposition a présenté un document proposant l'instauration d'une autorité gouvernementale de transition, l'établissement d'un cessez-le-feu, la libération des prisonniers, l'accès de l'aide humanitaire en tous lieux et le départ de tous les combattants étrangers.

Mais la délégation gouvernementale, pour qui les rebelles sont «des terroristes», n'a pas réagi au document.

«La lutte contre le terrorisme est le devoir de tout Syrien. Un consensus sur cette lutte nous réconfortera sur les intentions de celui qui dit qu'il veut être un partenaire dans la construction de l'avenir de la Syrie», a dit le chef de la diplomatie Walid Mouallem.