Les féroces combats opposant les jihadistes aux rebelles, en majorité islamistes, dans le nord de la Syrie, ont fait en neuf jours près de 700 morts et des centaines de disparus, selon une ONG.

«Entre le 3 et le 11 janvier, les combats ont fait 697 morts répertoriés et des centaines de prisonniers dans les deux camps, dont on ignore le sort», a affirmé dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, organisme basé en Grande-Bretagne qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales sur le terrain.

«Parmi les morts figurent 351 rebelles, 246 jihadistes et 100 civils, dont 21 ont été exécutés», a précisé cette organisation. Le bilan pourrait être bien plus lourd car des dizaines de corps n'ont toujours pas été identifiés.

Signe de l'âpreté des combats entre les rebelles syriens et les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), au moins 200 personnes ont péri sur les seules dernières 48 heures.

Plusieurs coalitions de rebelles, majoritairement islamistes, exaspérées par la brutalité et la volonté d'hégémonie de l'EIIL, ont retourné le 3 janvier leurs armes contre leurs anciens alliés dans la lutte contre le régime, les chassant de la province d'Alep et d'une grande partie de celle d'Idleb.

L'EIIL a riposté en menant 16 attentats suicides en une semaine, tuant des dizaines de combattants et de civils selon l'OSDH, dans les provinces d'Alep, Idleb, Homs et Raqa, situées dans le nord et le centre de la Syrie.

Ce groupe jihadiste sunnite né en Irak a commis des centaines d'attaques similaires ces dix dernières années contre les soldats américains, les policiers et les militaires irakiens, ainsi que contre les chiites.

Un commandant de l'EIIL avait prévenu d'une telle riposte si son groupe était attaqué, rapporte le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Selon un rebelle islamiste d'Ahrar al-Cham, mouvement à la pointe du combat contre l'EIIL dans plusieurs régions, «les jihadistes veulent terroriser la population, pas seulement les combattants».

L'EIIL a affirmé dimanche dans un communiqué à Raqa que les attaques contre ses combattants sont liées à la conférence de paix sur la Syrie prévue en Suisse dans dix jours.

«La dernière crise a commencé après que des brigades aux orientations déviantes, rassemblées sous le nom de ''l'Armée des moujahidine'' ont attaqué nos sièges et les maisons des mouhajirine (combattants étrangers, NDLR) à Alep, Idleb, Hama et dans d'autres endroits», affirme l'EIIL.

Le 3 janvier, «l'armée des Moujahidine», qui réunit des groupes rebelles locaux, a été la première à déclarer la guerre et à attaquer les positions de l'EIIL à Idleb et à Alep, dans le nord du pays.

«Leur unique objectif est de nous combattre et de détruire le noyau du califat. Elles veulent nous remplacer par un projet dont la forme satisferait les États apostats qui vont se réunir à Genève-2», ajoute cette organisation.

Les réunions prévues à partir du 22 janvier à Montreux et Genève vont d'abord réunir plus de vingt pays à l'invitation de l'ONU, puis les délégations du régime et de l'opposition doivent entamer des discussions.

Alors que jihadistes et rebelles se disputent le contrôle des zones échappant au contrôle du gouvernement, l'armée a mené dimanche un raid aérien sur une de ces localités dans la province d'Alep, à Al-Bab où 21 personnes ont été tuées, dont 9 femmes et un enfant, par un bombardement à l'aide de barils d'explosifs, selon l'OSDH

À Cheikh Najar, à l'entrée nord d'Alep, neuf corps ont été retrouvés, les militants accusant l'EIIL de ces morts et à Homs (centre), huit personnes ont été tuées par un bombardement dans le quartier de Ghouta tenu par le régime.