Les agences de l'ONU ont lancé lundi un appel record pour financer l'aide humanitaire en 2014, et en premier lieu pour aider les victimes du conflit syrien, dont le nombre connaît une croissance exponentielle.

«En mars 2012, on parlait d'un million de victimes à aider en Syrie, puis quelques mois plus tard de 6,5 millions, et aujourd'hui de 9,3 millions», a déclaré devant la presse Valérie Amos, coordonnatrice de l'aide humanitaire pour l'ONU.

Pour venir en aide à ces victimes syriennes de la guerre civile, les agences de l'ONU ont réclamé lundi à la communauté internationale 6,5 milliards USD pour 2014, soit un montant record pour un seul pays.

Pour l'ensemble de leur action humanitaire dans le monde, y compris la Syrie, les agences de l'ONU réclament 12,9 milliards USD, autre montant record pour un appel lancé en début d'année.

Cette aide est destinée à 52 millions de personnes dans 17 pays affectés par des crises et des conflits.

La Syrie, plus grand défi humanitaire auquel l'ONU a été confronté, représente le groupe de population le plus important ayant besoin d'aide humanitaire, suivie par le Yémen, l'Afghanistan, le Soudan et la Centrafrique.

Sur les 12,9 milliards réclamés par l'ONU pour l'aide humanitaire en 2014, 6,5 milliards sont destinés aux Syriens, qu'ils vivent encore ou non dans leur pays.

En 2013, l'ONU avait réclamé 4,4 milliards pour les Syriens, et ce chiffre devrait donc augmenter de près de 50% en 2014.

En 2014, le programme d'aide humanitaire de l'ONU pour la Syrie «a pour objectif d'assister plus de 16 millions de personnes en Syrie, Égypte, Irak, Jordanie, Liban et Turquie».

Dans le pays lui-même, le programme prévoit une aide pour 9,3 millions de personnes et à l'étranger pour 6,8 millions de personnes.

Sur ces 6,8 millions, 4,1 millions seront des réfugiés syriens vivant dans des camps, et 2,7 millions seront des communautés affectées par la crise syrienne, selon les extrapolations des agences de l'ONU.

Actuellement, il y a 2,4 millions de réfugiés syriens et 1,8 million de personnes vivant dans des communautés affectées par la crise.

Les appels de l'ONU sont rarement couverts à 100% par les donateurs. Au 15 décembre 2013, l'appel pour la Syrie n'était couvert qu'à hauteur de 67%.

Dans le détail pour 2014, les agences de l'ONU prévoient de donner une aide alimentaire en Syrie à 5,7 millions de personnes, y compris 440 000 réfugiés palestiniens.

Les agences prévoient aussi une aide médicale pour 9,3 millions de personnes.

À l'extérieur des frontières de la Syrie, les agences prévoient une aide de base, des abris, un accès à l'eau potable, une action alimentaire et médicale, une aide spécifique pour les enfants pour 4,1 millions de réfugiés, en quête «d'asile et de sécurité» et pour les 2,7 millions de personnes vivant dans des communautés affectées.

À propos de la sécurité, le Haut-commissaire de l'ONU chargé des réfugiés, M. Antonio Guterres a lancé un appel lundi pour que les frontières des pays voisins restent ouvertes, afin d'éviter des drames. Il a cité comme exemple les familles qui mettent leur vie en péril, en essayent d'entrer clandestinement dans un autre pays, après avoir contacté des trafiquants et passeurs, qualifiés de «plus grands criminels du monde d'aujourd'hui».

Il a aussi souligné qu'il était important que les «pays émergents participent aussi à l'effort de solidarité multilatéral». Ces pays, a-t-il, donnent une aide, mais seulement sur le plan bilatéral.

«Il y a des signes qui montrent que cela change», a-t-il poursuivi, en donnant l'exemple du Qatar, qui vient de faire un don de 34 millions USD au HCR.

Pour Mme Amos, les crises humanitaires auxquelles est confrontée la communauté internationale, «deviennent de plus en plus complexes», et l'ONU s'appuie sur l'aide de 568 ONG.