Quatre personnes ont été tuées par la chute d'obus devant la célèbre mosquée des Omeyyades dans le centre historique de Damas vendredi, tandis que l'armée pilonnait l'une des deux dernières localités stratégiques aux mains des insurgés au nord de la capitale.

Après près de trois ans d'un conflit dévastateur, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR) Antonio Guterres a estimé à plus de trois millions le nombre de Syriens ayant fui leur pays et a lancé un cri d'alarme pour les enfants syriens dont plus de 11 000 y ont péri selon un rapport occidental.

Le conflit devait être au coeur des entretiens du premier ministre syrien Waël al-Halaqi à Téhéran qui a appelé avec Ankara à un cessez-le-feu, à quelques semaines d'une conférence de paix prévue le 22 janvier à Genève.

Dans le centre de Damas, quatre personnes ont été tuées et 26 blessées par la chute d'obus devant la mosquée des Omeyyades vendredi, jour de prière pour les musulmans, a rapporté la télévision syrienne accusant les «terroristes», terme utilisé pour désigner les rebelles.

Les tirs d'obus sur le centre de la capitale de la part des rebelles, qui contrôlent plusieurs secteurs de la périphérie de Damas, sont de plus en plus courants.

Jeudi, un Syrien est mort et neuf autres ont été blessés par un tir de mortier sur l'ambassade de Russie, selon le ministère russe des Affaires étrangères.

La Russie soutient le président Bachar al-Assad et le secteur de son ambassade à Damas a été plusieurs fois ces derniers mois la cible des rebelles, qui contrôlent plusieurs secteurs stratégiques de la région de Damas.

L'armée, qui tente de les en chasser, est parvenue à pénétrer dans Nabak, une ville située à 80 km au nord de la capitale. Elle avait pris jeudi la localité de Deir Atiyya après celle de Qara le 19 novembre, dans la région montagneuse de Qalamoun, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon une source de sécurité syrienne, si Nabak est prise, il ne restera plus que la localité de Yabroud et quelques villages pour que la région entière de Qalamoun tombe aux mains des troupes du régime de Bachar al-Assad.

«Destruction systématique»

Proche de la frontière libanaise, Qalamoun constitue la base-arrière des insurgés autour de la capitale et commande l'accès à l'autoroute stratégique Damas-Homs.

Le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a fait état «de violents combats sur le front de Nabak, où les forces du régime ont pénétré jeudi appuyées par les combattants du Hezbollah».

Il semble que l'armée a «opté pour la destruction systématique à Nabak (...)», a-t-il ajouté. Nabak est assiégée depuis la chute de Qara: «ni nourriture ni médicaments n'ont pu y être acheminés depuis».

Une prise de Qalamoun permettrait à l'armée de «verrouiller complètement la frontière avec le Liban et d'empêcher toute fuite ou entrée de rebelles vers ce pays», selon la source de sécurité syrienne.

En marquant des points sur le terrain, le régime veut arriver en position de force à la conférence Genève-2 initiée par Washington et Moscou, et balayer ainsi l'exigence de l'opposition d'une exclusion de M. Assad de toute période de transition dans le pays.

Cri d'alarme pour les enfants syriens

L'appui des combattants chiites libanais et irakiens est déterminant pour une armée, épuisée par près de trois ans de guerre.

Selon l'OSDH, le Hezbollah a perdu 17 hommes et la brigade irakienne Aboul Fadel al-Abbas 11 à Qalamoun et au sud-est de Damas. Un site pro-Hezbollah «Liban-sud», publie les photos de 11 «martyrs».

La guerre, déclenchée en mars 2011 par une révolte réprimée dans le sang, a coûté la vie à plus de 120 000 personnes, selon l'OSDH.

Elle a aussi fait plus de deux millions de déplacés et désormais selon le chef du HCR plus de trois millions de réfugiés qui ont fui principalement vers la Jordanie, le Liban, la Turquie, l'Irak et l'Égypte.

Les enfants représentent la moitié des réfugiés. Dans une présentation de la première étude approfondie du HCR sur ces enfants depuis mars 2011, M. Guterres a estimé qu'en cas d'inaction «une génération d'innocents sera sacrifiée à cause de cette guerre épouvantable».