Au lendemain d'un accord russo-américain à l'ONU, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) devait valider vendredi une feuille de route pour la destruction de l'arsenal syrien, prévoyant le début des inspections au plus tard mardi.

Cette feuille de route, dont l'AFP a obtenu copie, autorise en outre des visites sur des sites non répertoriés par Damas. Elle doit être approuvée par les 41 membres du Conseil exécutif de l'OIAC, qui se réunissent à La Haye, où siège l'organisation, vers 22 h (16 h à Montréal).

Le texte doit être adopté avant que ne soit votée à l'ONU une résolution sur laquelle Américains et Russes se sont mis d'accord dans la nuit de jeudi à vendredi à New York.

Cet accord constitue une percée diplomatique majeure, après plus de deux ans d'une guerre civile sanglante qui, selon l'ONU, a fait plus de 100 000 morts.

En Syrie, au moins 30 personnes ont été tuées et des dizaines blessées vendredi dans un attentat à la voiture piégée à Rankous, une localité sunnite et hostile au régime de Bachar al-Assad située près de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le chef l'opposition syrienne Ahmad Jarba a accusé les combattants venus de l'étranger d'avoir «volé la révolution» dans le pays, où affrontements entre rebelles et jihadistes se multiplient.

Pour M. Jarba, qui s'exprimait à New York, des «organisations terroristes» venues «d'au-delà des frontières pour voler notre révolution», en allusion notamment aux jihadistes venus de pays arabes et européens pour combattre le régime et instaurer un État islamique en Syrie.

Le texte de l'OIAC fait partie de l'accord diplomatique conclu à Genève entre Russes et Américains le 14 septembre, et qui doit permettre d'éviter une action militaire en Syrie, menace brandie par Washington en réponse à une attaque à l'arme chimique le 21 août, près de Damas.

Celle-ci avait fait 1500 morts, selon Washington qui accuse le régime syrien.

Vendredi, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a dénoncé pour la première fois l'usage d'armes chimiques en Syrie, qui «constitue un crime grave et a des effets dévastateurs sur la population civile».

En attendant l'ONU

Selon le texte de la feuille de route, les inspections en Syrie doivent débuter «aussi vite que possible, en tous les cas pas plus tard que le 1er octobre».

Tous les sites répertoriés dans la liste officielle remise par la Syrie le 19 septembre à l'OIAC doivent avoir été inspectés «au plus tard 30 jours après l'adoption de cette décision».

«Tout autre site identifié par un État partie comme ayant été impliqué dans le programme syrien d'armes chimiques doit être inspecté aussi vite que possible», ajoute le projet de décision.

Les désaccords sur des allégations de sites non répertoriés pourront être résolus par «des consultations et la coopération», selon la même source.

Si la Syrie ne respecte pas ce plan, qui prévoit la destruction complète de l'arsenal chimique pour la mi-2014, l'OIAC pourra «soumettre le problème directement à l'attention» de l'ONU.

Le document de l'OIAC appelle en outre les États parties «à contribuer de manière volontaire» pour financer la mission, qui selon Assad devrait coûter un milliard de dollars.

De son côté, la résolution de l'ONU prévoit la possibilité pour le Conseil de sécurité de prononcer des sanctions si le plan de désarmement n'est pas respecté. Cependant, il ne s'agit pas de sanctions automatiques.

En cas de violation des engagements, il faudrait une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou, allié de Damas, une possibilité de blocage.

Les ministres des Affaires étrangères des cinq membres du Conseil de sécurité doivent se rencontrer vendredi à 20 h à New York avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et son médiateur en Syrie Lakhdar Brahimi.

Selon des experts en armement qui ont présenté un rapport confidentiel à la Maison-Blanche, l'arsenal syrien est en grande partie «inutilisable» en l'état et pourrait par conséquent être détruit plus rapidement que prévu.

Selon ces experts, la Syrie possèderait plus de 1000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz moutarde.

L'examen de la résolution de l'ONU et de la feuille de route intervient au moment où des experts de l'ONU enquêtent dans des sites où des attaques chimiques auraient été perpétrées.

Cette équipe est différente de celle que l'OIAC souhaite envoyer sur place, qui sera, elle, chargée de la vérification et de la destruction de l'arsenal chimique.

Des experts de l'ONU achèveront leur travail lundi

Les experts de l'ONU enquêtant actuellement en Syrie sur des sites où des attaques chimiques auraient été perpétrées, doivent conclure leur travail lundi et publier leur rapport en principe fin octobre, ont annoncé vendredi les Nations unies.

Cette équipe, appelée «Mission de l'ONU enquêtant sur l'usage présumé d'armes chimiques en Syrie», est différente de celle de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui doit commencer ses inspections sur l'arsenal chimique syrien au plus tard mardi.

La mission des Nations unies actuellement en Syrie, qui a entamé ses travaux jeudi, «doit conclure ses activités dans le pays lundi 30 septembre», a indiqué l'ONU dans un communiqué daté de Damas.

«Au cours de leur travail, les experts ont reçu plusieurs documents et échantillons et ont mené plusieurs entrevues», a-t-elle précisé.

Ils ont en outre désigné pour leur enquête sept secteurs où des attaques chimiques ont pu avoir lieu, parmi les allégations soumises au secrétaire général de l'ONU aussi bien par le régime que par l'opposition.

Il s'agit de Khan al-Assal, dans la province d'Alep (nord), où régime et rebelles s'accusent mutuellement d'avoir eu recours à l'arme chimique le 19 mars; Cheikh Maqsoud, un quartier d'Alep (13 avril); Saraqeb, dans la province d'Idleb (nord-ouest, 29 avril); la région de la Ghouta près de Damas, où l'ONU a déjà confirmé l'usage de sarin le 21 août; Bahhariyé, près de Damas (22 août); Jobar, un quartier périphérique du nord-est de Damas (24 août); Achrafié Sahnaya, dans la province de Damas (25 août).

Selon des responsables de l'ONU s'exprimant sous couvert de l'anonymat, les trois dernières attaques ont été dénoncées par le gouvernement syrien alors que la polémique faisait rage autour de celle du 21 août.

Les experts ne devraient cependant pas se rendre à Khan al-Assal, Cheikh Maqsoud ou Saraqeb, dans la mesure où les attaques qui y ont été dénoncées remontent à mars et avril et que tout prélèvement semble inutile compte tenu de la dégradation des éléments biomédicaux.

Selon le communiqué de l'ONU, la mission va poursuivre son travail hors de Syrie «sur un rapport complet qu'elle espère être prêt d'ici fin octobre».

Elle «a recours aux mêmes modalités et techniques impartiales utilisées lors du premier round d'enquête», mené fin août dans la banlieue de Damas, indique encore le communiqué, citant la chef de la mission Aake Sellström.

Au lendemain d'un accord russo-américain à l'ONU, l'OIAC doit valider vendredi une feuille de route pour la destruction de l'arsenal syrien, prévoyant le début des inspections au plus tard mardi.

L'OIAC devra alors inspecter les sites répertoriés dans la liste officielle remise par la Syrie le 19 septembre sur son arsenal chimique.