La Russie pourrait changer de position sur la Syrie si elle se rendait compte que le président Bachar al-Assad «trichait», a déclaré samedi le chef de l'administration présidentielle russe, après que Damas a remis l'inventaire attendu de ses armes chimiques.

«Ce que je dis pour l'instant est théorique et hypothétique, mais si nous avions un jour la certitude qu'Assad trichait, nous pourrions changer notre position», a dit Sergueï Ivanov, cité par les agences de presse russes, au cours d'une conférence à Stockholm organisée par l'Institut international des études stratégiques (IISS).

S'il peut être établi sans aucun doute qu'une des parties en Syrie a menti en niant l'utilisation d'armes chimiques, «cela peut impliquer que nous changerons de position et utiliserons le chapitre 7. Mais tout est théorique, jusqu'à présent il n'y a pas de preuves», a-t-il renchéri un peu plus tard, dans des propos cités par l'agence de presse suédoise TT.

Dans son intervention à l'IISS, M. Ivanov a réaffirmé l'opposition de la Russie à une intervention militaire en Syrie, déchirée par un conflit qui a fait plus de 110 000 morts en 30 mois.

Le haut responsable a en outre estimé que l'emplacement des armes chimiques serait connu d'ici à une semaine, tout en soulignant que l'armée régulière syrienne ne contrôlait pas la totalité du pays.

«Nous devons comprendre que (M. Assad) ne contrôle pas tout le territoire (syrien). Nous ne savons pas encore où se trouvent géographiquement toutes les réserves d'armes chimiques. Je pense que cela sera clair d'ici à une semaine», a-t-il déclaré.

Dans une entrevue réalisée mercredi, mais diffusée seulement samedi par la télévision publique russe, M. Ivanov a avancé des explications quant aux inscriptions en cyrillique sur des fragments d'obus, dont des photographies figurent dans le rapport des inspecteurs de l'ONU chargés d'enquêter sur l'attaque chimique du 21 août près de Damas.

«Effectivement, on a trouvé du cyrillique sur un missile terre terre soviétique qui était produit entre 1950 et 1960, puis a été retiré de la production», a-t-il affirmé.

«À cette époque, on livrait des armes soviétiques dans des dizaines de pays du monde», a-t-il ajouté, soulignant que ces missiles pouvaient se trouver n'importe où dans le monde.

«Ils pouvaient se trouver en particulier en Libye, dont les stocks ont été pillés pendant la soi-disant révolution démocratique», a-t-il supposé.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé samedi, date limite fixée par l'accord russo-américain du 14 septembre, que la Syrie lui avait remis l'inventaire attendu de son arsenal chimique.

La Russie, fidèle alliée du régime de Damas, s'est toujours opposée à l'usage de la force contre le régime syrien. Elle accuse les rebelles d'être derrière l'attaque chimique du 21 août.

Jeudi, le président russe Vladimir Poutine a jugé que l'attitude de la Syrie depuis l'annonce de l'accord russo-américain «inspirait confiance», tout en admettant ne pas pouvoir assurer «à 100 %» que le régime mènerait jusqu'à son terme le plan de démantèlement de son arsenal chimique.

Cet accord, préparé tandis que Washington menaçait de recourir à une action militaire en réponse à l'attaque chimique et signé à Genève le 14 septembre, stipule que la Syrie doit remettre l'intégralité de son arsenal chimique, qui devra être détruit d'ici à la mi-2014.