Des combattants liés à Al-Qaïda tenaient toujours jeudi la ville syrienne d'Azaz près de la frontière turque, conquise aux rebelles non djihadistes, provoquant la colère d'une partie de ses habitants qui demandent leur départ.

L'Armée syrienne libre (ASL), principal groupe rebelle, a annoncé l'envoi de renforts dans la ville pour tenter de trouver une solution de compromis avec les combattants de l'État islamique d'Irak et du Levant (EIIL).

Sous le titre «L'EIIL ne me représente pas», des habitants d'Azaz ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour demander le départ des combattants du groupe. Un militant a dit craindre voir les djihadistes imposer la charia dans la ville.

Certaines voix s'élèvent toutefois, toujours sur les réseaux sociaux, pour souhaiter la bienvenue aux combattants djihadistes.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que la situation était calme dans la ville où est arrivée la Brigade Tawhid de l'ASL.

«La Brigade va s'employer à calmer la situation», a indiqué à l'AFP un porte-parole de cette unité. «Nous allons faire la maximum pour résoudre le différend».

La Turquie a provisoirement fermé jeudi le poste-frontière d'Oncüpinar proche d'Azaz alors que celui de Bab al-Salameh, situé côté syrien est fermé depuis mercredi soir, selon les rebelles non djihadistes.

C'est la première fois que des dihadistes, dont une grande partie sont venus de l'étranger, prennent à l'ASL une ville, de surcroît stratégique, après une bataille éclair.

Azaz avait été en juillet 2012 l'une des premières conquêtes des rebelles non djihadistes qui y avaient installé le noyau d'une administration locale. Ils étaient accusés par les djihadistes d'être des agents de l'Occident.

L'EIIL, constitue avec le Front al-Nosra, les deux groupes rebelles qui proclament ouvertement leurs liens avec Al-Qaïda.

Signe de la complexité du conflit en Syrie, si les combats entre l'EIIL et des rebelles non djihadistes se multiplient ces dernières semaines dans certaines régions, dans d'autres ils combattent ensemble contre les troupes du régime Assad.

«Des dizaines de milliers de djihadistes»

L'attaque contre Azaz intervient au moment où le président Bachar al-Assad a assuré que la rébellion est formée en majorité d'affiliés du réseau extrémiste.

Dans une entrevue à FoxNews diffusée mercredi soir, il a affirmé que son pays n'était pas en «guerre civile» mais confronté à une «nouvelle sorte de guerre» menée par des «dizaines de milliers de djihadistes» étrangers, dont «80% à 90%» seraient des combattants «d'Al-Qaïda».

Le ministère syrien des Affaires étrangères a d'ailleurs adressé jeudi des messages au Conseil de sécurité de l'ONU dans lesquels il dénonce, selon l'agence officielle Sana, le fait que «les États-Unis et ses alliés (dont des pays arabes) continuent à financer Al-Qaïda en Syrie et d'autres groupes terroristes», en référence aux rebelles non djihadistes.

M. Assad a en outre répété que son pays détruirait son énorme arsenal chimique, une opération qui prendra, selon lui, au moins un an.

Son allié, le président russe Vladimir Poutine a estimé que l'attitude de la Syrie «inspire confiance» dans le respect de ses engagements sur le démantèlement de ses armes chimiques.

«La Syrie s'est dite prête à adhérer (...), et se considère déjà comme adhérente de la convention internationale sur l'interdiction des armes chimiques», a-t-il déclaré.

«Ce sont des pas concrets», a souligné M. Poutine, en estimant que l'arsenal chimique syrien était une alternative au nucléaire israélien.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé qu'elle se réunirait dimanche matin à La Haye afin de discuter de la «destruction des armes chimiques syriennes».

M. Assad a en outre répété que l'attaque aux armes chimiques du 21 août près de Damas était le fait des rebelles et non de ses forces armée.

L'allié russe défend la même position.

Les Occidentaux et plusieurs pays arabes accusent eux le régime d'avoir perpétré ce massacre qui a failli déclencher des frappes américaines et françaises.

Mais Moscou et Washington ont trouvé un accord le 14 septembre à Genève pour démanteler l'arsenal chimique syrien.

Une résolution peut-être ce week-end

Après l'accord de Genève, la Syrie s'est engagée à fournir dans un délai d'une semaine --qui s'achève samedi-- une information complète sur son arsenal chimique.

En attendant, Damas et Moscou s'évertuent d'empêcher toute résolution à l'ONU susceptible d'ouvrir la voie à un usage de la force contre la Syrie si elle ne se pliait pas à l'accord de Genève.

Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont eu de nouvelles consultations sur ce projet. Selon des diplomates à l'ONU, les Occidentaux cherchent à convaincre la Russie que leur projet de texte n'implique pas la menace d'une action militaire immédiate.

Si un compromis est trouvé, cette résolution pourrait être soumise au vote ce week-end.

Sur le terrain, neuf civils sont morts dans un attentat contre un bus dans la région de Homs (centre), venant allonger la liste des victimes du conflit.