Le site internet du New York Times a été inaccessible pendant plus de 24 heures (mardi 15h à mercredi 16h) à la suite d'une cyberattaque revendiquée par un groupe de pirates syriens. S'agit-il d'une démonstration de force avant de possibles frappes contre la Syrie? Pour comprendre qui sont ces pirates et leurs objectifs, voici quatre mots clés.

Cyberattaques

Le New York Times a confirmé que son site internet a été victime d'une «attaque informatique» de l'Armée électronique syrienne (SEA). La même journée, le service d'images twimg.com de Twitter a aussi été piraté. Au printemps, la SEA avait réussi à infiltrer le compte Twitter de l'agence de presse américaine Associated Press, et avait annoncé que le président Barack Obama avait été blessé dans deux explosions à la Maison-Blanche. Le magazine américain 60 Minutes, BBC, Al-Jazeera English et AFP ont aussi fait les frais de ce groupe. «Ce sont des attaques symboliques, il y a des reportages qui suivent et ça fait parler», précise Ray Boisvert, ex-directeur adjoint du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Bashar al-Assad

Si le groupe SEA appuie ouvertement le président syrien en écrivant sur son compte Twitter «Vive Bachar al-Assad», aucune affiliation directe n'a été revendiquée. «Ces pirates peuvent être des gens très nationalistes et patriotes, qui voient le piratage comme la cinquième dimension de la guerre, comme ça se fait en Chine», souligne Ray Boisvert. Le groupe étant anonyme, on ne sait pas qui le finance. Mais selon M. Boisvert, ce sont assurément des gens qui travaillent pour les intérêts de l'État. Cependant, d'après Patrick Boucher, président de la firme Gardien Virtuel qui se spécialise en sécurité de l'information, les attaques de la SEA ne nécessitaient pas des moyens financiers très importants et ne requièrent donc pas forcément le soutien d'un gouvernement.

Menace

L'attaque du New York Times n'était pas spécialement sophistiquée, selon Patrick Boucher. «Ce sont surtout des «dénis de service» où le site n'est pas accessible aux internautes, ce qui n'est pas si difficile à exécuter, explique-t-il. C'est l'équivalent d'un graffiti: ça dérange, mais ça ne détruit rien.» D'après Ray Boisvert, l'attaque est avant tout une menace liée aux éventuelles frappes des États-Unis et de leurs alliés contre le régime syrien. «On peut y voir un message: si vous nous attaquez physiquement, faites attention. La prochaine fois, ça pourrait être plus grave et viser des agences gouvernementales», affirme-t-il.

Guerre cybernétique

La tendance des cyberattaques est à la hausse, estime Patrick Boucher, qui cite en exemple le groupe Anonymous. «C'est anonyme, facile et à distance... une personne seule chez elle peut ainsi faire des dommages importants, donc c'est valorisant», dit-il. M. Boucher ajoute toutefois qu'«il n'y a pas eu de 11-Septembre numérique», c'est-à-dire une attaque sur un système informatique entraînant des morts, par exemple le piratage d'un système de gestion du transport aérien qui provoque une collision d'avions. Les experts ne s'entendent pas tous sur l'imminence d'une «guerre cybernétique». Ray Boisvert croit pour sa part que ce n'est qu'une question de temps, puisque les systèmes informatiques sont vulnérables. Miloud Chennoufi, spécialiste du Moyen-Orient et professeur au Collège des Forces canadiennes, n'est pas de cet avis. «C'est une arme stratégique faite pour ne pas être utilisée, elle est faite pour être brandie pour ne pas qu'on vous attaque. Est-ce que les Syriens sont capables de guerre cybernétique? Je ne crois pas.»