Des inspecteurs de l'ONU chargés d'examiner l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit en Syrie sont arrivés dimanche à Damas, a constaté un correspondant de l'AFP.

Plus de dix inspecteurs sont arrivés dans un hôtel de la capitale syrienne. Ils n'ont fait aucune déclaration devant les journalistes présents.

Interrogé par l'AFP, Khaled al-Masri, le porte-parole de l'ONU à Damas, a dit ignorer quand ils commenceront leur mission et dans quels secteurs ils se rendront. L'ONU avait auparavant annoncé que l'équipe doit rester en Syrie «pour une période de 14 jours, qui peut être prolongée par consentement mutuel».

Le régime du président Bachar al-Assad et la rébellion s'accusent mutuellement d'avoir eu recours à des armes chimiques dans la guerre qui dure depuis près de deux ans et demi.

Le mandat des inspecteurs, conduits par le Suédois Aake Sellström, est d'évaluer s'il y a eu utilisation d'armes chimiques ou non, mais pas de déterminer qui en est responsable.

Le régime du président Bachar al-Assad a donné son feu vert à l'ONU pour la visite des experts en Syrie, après avoir accepté les modalités proposées par l'ONU pour assurer la sécurité et l'efficacité de la mission selon l'organisation internationale.

Jeudi, un responsable au ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que son gouvernement était «prêt à accorder toutes les facilités pour que l'équipe puisse mener à bien sa mission». «La Syrie n'a rien à cacher».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a remercié le gouvernement syrien pour sa «coopération» et réaffirmé que l'objectif de l'ONU était une «enquête totalement indépendante et impartiale».

L'équipe de l'ONU se trouvait à La Haye depuis plusieurs jours dans l'attente d'un départ pour Damas. Les Nations unies avaient annoncé fin juillet que Damas autorisait les experts onusiens à enquêter sur trois sites où l'utilisation d'armes chimiques a été rapportée.

L'un de ces sites est Khan al-Assal, près d'Alep (nord). Damas affirme que les rebelles y ont fait usage d'armes chimiques le 19 mars, tuant au moins 26 personnes, dont 16 soldats syriens. Selon l'opposition, c'est le pouvoir qui a mis en scène cette attaque.

L'ONU n'a pas précisé le nom des deux autres sites.

L'opposition a affirmé que les enquêteurs pourraient accéder «sans entraves» aux sites sous son contrôle où des armes chimiques auraient été utilisées.

Damas avait demandé une enquête de l'ONU dès le mois de mars, mais insistait pour qu'elle se concentre uniquement sur le site de Khan al-Assal. Mais Ban Ki-moon souhaitait par contre un accès plus large et des enquêtes sur d'autres sites.

Selon l'ONU, la Syrie, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis lui ont signalé 13 attaques à l'arme chimique. Ces trois pays ont affirmé que les attaques ont été le fait des troupes du président Bachar al-Assad, alors que la Russie, le principal allié du régime syrien, a affirmé que son enquête a révélé l'emploi de gaz sarin par les rebelles à Khan al-Assal.

Le conflit en Syrie a été déclenché en mars 2011 par une contestation populaire qui s'est militarisée face à la répression menée par le régime. Le pays a ensuite basculé dans la guerre civile qui a coûté la vie à plus de 100 000 personnes selon l'ONU.