L'armée syrienne a tué mercredi 62 rebelles dans une embuscade près de Damas, au lendemain d'une défaite de ses troupes dans le nord du pays en proie à la guerre, Amnesty dressant un constat terrifiant sur la ville d'Alep.

À Washington, le numéro deux de la CIA Michael Morell a affirmé que la guerre civile en Syrie, qui a fait plus 100 000 morts depuis plus de deux ans, constituait la principale menace contre la sécurité des États-Unis, disant craindre que ce pays ne devienne un nouveau sanctuaire pour Al-Qaïda.

Alors qu'aucune issue au conflit, déclenché en mars 2011 par une révolte populaire durement réprimée, n'est en vue, le patron de l'ONU Ban Ki-moon rencontrera jeudi soir le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov pour évoquer notamment le dossier syrien qui divise la communauté internationale.

Malgré les destructions considérables dans le pays, les combats continuent de faire rage sur plusieurs fronts et l'appel de l'opposition à une trêve pendant la fête musulmane du Fitr qui commence jeudi semble être tombé dans l'oreille d'un sourd.

Dans une embuscade tendue avant l'aube, les soldats syriens ont tué au moins 62 rebelles près de la cité industrielle d'Adra, au nord-est de Damas, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) en précisant que huit autres sont portés disparus.

Selon une source militaire syrienne, l'embuscade visait «un groupe terroriste appartenant au Front Al-Nosra (jihadiste) qui essayait de s'infiltrer dans la Ghouta orientale», une région  à l'est de Damas où sont retranchés des insurgés.

«Plus important problème pour les États-Unis»

À Alep, dans le nord du pays, les insurgés, alliés aux jihadistes, ont lancé dans la journée une offensive pour s'emparer du siège des services de renseignements de l'armée de l'air, selon l'OSDH.

«Environ 300 combattants qui avaient participé à la prise de la base de Mennegh peuvent maintenant combattre ailleurs», a expliqué Mohammad, un militant anti-régime, en référence à la prise mardi par les insurgés de cette base aérienne stratégique près d'Alep.

Selon Amnesty International, Alep, l'ancienne capitale économique du pays, est «complètement dévastée» et ses habitants sont victimes à la fois des bombardements quotidiens du régime et des mauvais traitements de la part des rebelles.

L'ONG a présenté des images satellitaires de plusieurs quartiers d'Alep avant et après l'attaque-surprise des rebelles en juillet 2012 dans cette métropole, dont plus de la moitié est aujourd'hui entre leurs mains.

Le 24 juillet dernier, une source de l'opposition avait affirmé que les rebelles préparaient une vaste offensive pour prendre l'ensemble de la ville et de la province d'Alep, avec l'aide de l'Arabie saoudite.

Pour le numéro deux de la CIA, le conflit en Syrie «est probablement le problème le plus important dans le monde» pour les États-Unis, car il y a davantage de combattants islamistes étrangers rejoignant les rangs de l'insurrection qu'aux pires moments de la guerre en Irak.

Le risque selon lui est que le conflit déborde de ses frontières ou que la Syrie devienne un nouveau sanctuaire pour Al-Qaïda en cas de chute du régime.

Les experts chimiques terminent leurs préparatifs

D'ailleurs, le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, doit se rendre en Israël et en Jordanie la semaine prochaine, notamment pour évoquer le dossier syrien.

À La Haye, les experts de l'ONU chargés d'enquêter sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie terminent «leurs préparatifs avant leur départ» pour Damas et la date du début de la mission doit être annoncée dans les prochains jours selon l'ONU.

La guerre, qui a poussé à la fuite des millions de Syriens, a eu aussi des conséquences désastreuses sur l'économie du pays.

Alors que le secteur pétrolier a connu une chute de production de 90%, le ministre du Pétrole a annoncé que le gouvernement a déboursé au premier semestre 560 millions de dollars à titre de «subventions».

Le gouvernement syrien a toujours subventionné le pétrole, ainsi que l'électricité, le riz, le sucre et la farine. Mais du fait du conflit, il est obligé d'importer la quasi-totalité de son carburant, en particulier de l'Iran.