La Coalition de l'opposition syrienne se retrouve à partir de jeudi à Istanbul pour tenter de se choisir un nouveau président et d'afficher un front uni, alors que les rebelles hostiles au président Bachar al-Assad traversent une passe difficile sur le terrain.

Au cours de cette «assemblée générale» programmée sur deux jours, les membres de la Coalition doivent d'abord se mettre d'accord sur le nom d'un successeur officiel à Georges Sabra, leur chef par intérim depuis la démission du précédent président Moaz al-Khatib au printemps, a indiqué un de leurs porte-parole.

Ils doivent aussi nommer plusieurs vice-présidents et renouveler leur «conseil politique», la principale instance de décision de l'organisation, a ajouté la même source.

Selon un membre de la Coalition, au moins deux candidatures devraient être discutées lors de la réunion stambouliote.

«Les noms d'Ahmad Assi Jarba, qui représente la faction de Michel Kilo (un opposant syrien historique, NDLR), et de Mustafa al-Sabbagh (l'actuel secrétaire général de la Coalition, NDLR) sont formellement proposés pour devenir président, mais des surprises sont possibles», a indiqué à l'AFP Sami Nashar.

D'autres personnalités, comme l'actuel président par intérim Georges Sabra ou l'un des porte-parole de la Coalition, Louay Safi, pourraient également émerger comme candidats à la présidence du mouvement, a ajouté M. Nashar.

Initialement prévu fin mai, le choix du nouveau président avait été ajourné, faute d'accord après huit jours et autant de nuits d'entretiens qui avaient étalé au grand jour la guerre d'influence que se livrent les principaux parrains des adversaires du président syrien Bachar al-Assad, le Qatar et l'Arabie saoudite.

Sous la pression de leurs soutiens, les opposants étaient finalement parvenus à un accord sur l'élargissement de leur mouvement, jusqu'alors largement dominé par les Frères musulmans soutenus par les Qataris.

Parmi les «entrants» figuraient des représentants de l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), qui rassemble de nombreuses brigades rebelles sous l'influence des Saoudiens, ou de groupes révolutionnaires à l'origine de la contestation contre le régime de Damas.

Parmi ces derniers, une dizaine de partisans de Michel Kilo, un opposant historique marxiste et laïc soutenu lui aussi par Riyad.

«Nous espérons que la Coalition affichera cette fois un front uni après la réunion difficile de la fin mai. C'est important, car le contexte ne leur est vraiment pas favorable», a déclaré à l'AFP un diplomate occidental qui suit le dossier.

Cette réunion intervient en effet alors que les rebelles ont cédé du terrain ces dernières semaines à l'armée fidèle au régime, épaulée de façon décisive par des centaines de combattants du Hezbollah chiite libanais.

Après avoir repris Qousseir (centre-ouest de la Syrie, près de la frontière libanaise), les troupes du président Assad et le Hezbollah ont lancé depuis lundi une nouvelle offensive contre la ville de Homs (centre), un verrou entre le Nord et le Sud du pays, et l'armée poursuit ses bombardements sur Damas et sa périphérie.

Sur le plan diplomatique, les États-Unis et la Russie, malgré de nombreuses difficultés, n'ont pas renoncé à l'organisation d'une conférence internationale de paix, dite Genève-2, réunissant des représentants des belligérants.

Mais la Coalition a déjà fait savoir qu'elle ne s'y rendrait pas, tant que l'Iran et le Hezbollah soutiendraient Damas.