Trois attaques meurtrières ont frappé Damas dimanche, au lendemain d'une réunion du groupe des «Amis de la Syrie» qui a décidé de renforcer son aide à la rébellion pour inverser le rapport de forces sur le terrain.

À Mazzé 86, un quartier de l'ouest de la capitale habité par des Alaouites, une branche du chiisme à laquelle appartient le clan du président Bachar al-Assad, deux personnes ont été tuées et plusieurs blessées par l'explosion d'une bombe, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'agence de presse officielle Sana a fait état de 3 morts, dont un enfant de trois ans. Deux brigades rebelles ont revendiqué l'attentat affirmant avoir «envoyé une voiture piégée dans le repaire de miliciens prorégime».

Plus tôt dans la journée, deux autres attaques dans les quartiers de Roukneddine et Bab Moussala à Damas avaient fait au moins huit morts, selon l'OSDH.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué que onze personnes avaient été tuées, dont six assaillants, dans ces deux attaques.

Concernant Roukneddine, dans le nord de la ville, il a évoqué un attentat suicide perpétré par trois assaillants ayant pénétré dans un poste de police, précisant que «les terroristes appartiennent au Front jihadiste al-Nosra».

Le Front al-Nosra, lié à Al-Qaïda et placé sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis, est le plus important groupe jihadiste en Syrie.

En visite à Doha dimanche, le président français François Hollande a appelé l'opposition à «reprendre» les zones tombées aux mains des groupes extrémistes craignant qu'ils ne deviennent «les bénéficiaires d'une situation de chaos». «Ce sera Bachar al-Assad qui se saisira de ce prétexte pour continuer les massacres», a-t-il ajouté.

Samedi, onze pays du groupe des «Amis de la Syrie», dont les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, réunis au Qatar, ont décidé d'intensifier leur aide à la rébellion pour lui redonner l'avantage sur le terrain avant la tenue d'une conférence de paix à Genève.

Les participants ont souligné que «toute aide militaire serait canalisée» par l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), principale faction de l'opposition armée, afin qu'elle ne tombe pas entre les mains de groupes extrémistes comme le Front Al-Nosra.

Ils ont précisé que chaque pays aiderait les insurgés «à sa manière», contournant ainsi l'épineuse question de l'aide militaire directe que plusieurs pays occidentaux refusent de fournir. Jusqu'à présent, le gros de l'aide militaire provient de l'Arabie saoudite et du Qatar.

Le chef de la diplomatie du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a en outre affirmé que les participants avaient pris «des décisions secrètes» pour modifier l'équilibre des forces en Syrie, où les violences ont fait plus de 93 000 depuis mars 2011 selon l'ONU.

Dimanche, M. Hollande a souligné, à l'issue d'un entretien avec l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, que la France et le Qatar avaient «une approche commune» sur le conflit syrien, visant à aider l'opposition à améliorer sa position sur le terrain pour parvenir à une solution négociée.

Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est également entretenu dimanche avec l'émir du Qatar des résultats de la réunion à Doha.

Samedi, M. Kerry n'avait pas précisé clairement quelle forme prendrait l'aide des États-Unis, qui hésitent toujours à fournir des armes aux rebelles en Syrie, où l'armée, appuyée par le Hezbollah libanais, a récemment enregistré des succès.

Les «Amis de la Syrie» ont par ailleurs dénoncé samedi «l'intervention des milices du Hezbollah et des combattants d'Iran et d'Irak» aux côtés du régime, estimant que cette intervention étrangère «menace l'unité de la Syrie» et pourrait faire déborder le conflit au-delà de ses frontières.

L'Iran, fidèle allié de Bachar al-Assad, a estimé dimanche que «ceux qui soutiennent l'envoi d'armes en Syrie sont responsables du massacre des innocents et de l'insécurité dans la région».

Alors que les heurts liés au conflit syrien se répètent depuis des semaines au Liban entre pro et antiSyriens, trois soldats libanais ont été tués dimanche dans le sud lors de combats contre des partisans d'un imam sunnite radical connu pour ses critiques virulentes du Hezbollah chiite.