Trois Libanais chiites et un Turc ont été tués par balle dimanche au Liban, dans l'est frontalier de la Syrie, selon un responsable des services de sécurité, dans un contexte de tensions confessionnelles exacerbées par le conflit syrien.

«Des hommes armés ont tué par balles deux membres du clan Jaafar, un membre du clan Amhaz et un Turc alors qu'ils faisaient de la contrebande de mazout» dans la région de Qaa, a indiqué ce responsable à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

Les deux familles chiites Jaafar et Amhaz comptent parmi les clans les plus influents de la Békaa. Quant au ressortissant turc, dont la mère est Libanaise, il habitait dans la région, a précisé le responsable.

«Ils sont tombés dans une embuscade», a-t-il ajouté sans avancer de motifs.

L'incident s'est déroulé dans une zone agricole de Qaa, habitée et exploitée par des sunnites, et connue pour être un passage de contrebandiers.

Les habitants sunnites de cette région sont originaires de la localité proche d'Aarsal, partisane de la rébellion syrienne.

Dans un communiqué parvenu à l'AFP, les habitants de cette localité ont «dénoncé fermement cette agression contre des membres honorables de la région (...) qui vise à semer la discorde confessionnelle entre les habitants d'Aarsal et ceux de la région (à majorité chiite)».

«Nous nous dissocions des auteurs de ce massacre quelle que soit leur identité», ont-ils souligné, appelant les forces de sécurité à les démasquer.

Sur le même ton d'apaisement, les habitants de la région de Baalbeck et Hermel voisine, dont sont originaires les trois victimes libanaises, ont réagi en soulignant l'importance «de préserver la paix civile et la coexistence» entre les communautés.

Alors que la tension est montée d'un cran dans la région, ils ont appelé «à surmonter la douleur  et à être patient», dans un communiqué repris par Al-Manar, la chaîne du puissant Hezbollah chiite.

Ce dernier a de même appelé les habitants à «ne pas réagir» à l'incident, dénonçant une «tentative d'entraîner les gens de la région dans des affrontements internes».

«Ce crime s'inscrit dans le cadre d'une série de crimes commis par des mercenaires qui oeuvrent pour semer la dissenssion dans la région».

De son côté, l'armée a fait état de l'apparition d'«éléments armés» dans la région après l'annonce de la mort des quatre hommes, affirmant avoir envoyé des patrouilles pour «faire revenir la situation à la normale».

Dans un communiqué, elle a appelé «les citoyens et les familles de la Békaa à la retenue» et affirme qu'elle «ne permettra à personne d'exploiter cet incident douloureux pour porter atteinte à l'unité nationale».

Le conflit en Syrie divise profondément les Libanais entre partisans et adversaires du régime syrien et exacerbe les tensions confessionnelles.

Les sunnites soutiennent la cause de l'opposition, tandis que la majorité des chiites au Liban, emmenée par le Hezbollah qui combat avec l'armée syrienne, est favorable au régime de Damas --dirigé par le clan Assad, membre de la minorité alaouite (branche du chiisme).

La tension est grande depuis quelques semaines dans l'est du Liban, dominé par le Hezbollah. Des localités à majorité sunnite comme Aarsal sont résolument hostiles au pouvoir à Damas.

Aarsal sert de point de passage entre les deux pays pour les réfugiés, les armes et les rebelles, selon des sources de sécurité. Elle a été visée par plusieurs raids de l'aviation syrienne.

Récemment, elle a accueilli des dizaines de blessés, notamment des insurgés, après la chute de Qousseir, bastion rebelle du centre-ouest syrien conquis par l'armée avec l'aide déterminante du Hezbollah.

Son implication est un des facteurs ayant exacerbé les tensions entre chiites et sunnites.