L'aéroport international de Damas a été jeudi la cible d'une rare attaque au mortier par les rebelles, selon les médias officiels, l'ONU dénonçant «les tueries incessantes» en Syrie.

Face aux récentes victoires de l'armée syrienne sur les rebelles, une rencontre est prévue vendredi en Turquie entre des représentants de pays soutenant l'opposition et le chef du Conseil militaire suprême de l'armée syrienne libre Sélim Idriss pour discuter d'une «mise en oeuvre concrète» de l'aide à la rébellion.

Celle-ci, faiblement équipée comparativement à la puissance de feu des troupes gouvernementales, a marqué toutefois des points jeudi, en attaquant notamment l'aéroport de Damas.

Il s'agit d'une rare attaque contre l'aéroport depuis le début du conflit en mars 2011, qui a fait plus de 93 000 morts selon un nouveau bilan de l'ONU jeudi, un chiffre semblable à celui fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG syrienne.

«Un obus s'est abattu à la périphérie de l'aéroport près du tarmac, retardant l'atterrissage de deux avions en provenance de Lattaquié (nord-ouest) et du Koweït et le décollage d'un avion pour Bagdad», a dit le ministre syrien des Transports Mahmoud Saïd, sans faire état de victimes.

Un autre obus «est tombé près d'un entrepôt, blessant un ouvrier», a ajouté le ministre en imputant l'attaque aux «terroristes», terme par lequel le régime désigne les rebelles. L'OSDH a rapporté de son côté une attaque à la roquette, sans faire de victimes.

Les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d'une position stratégique de l'armée à mi-chemin entre Damas et Alep (nord), tuant six soldats et s'emparant d'armes et de munitions. «Cette position est importante parce qu'elle se situe sur la principale route d'approvisionnement de l'armée vers Alep», a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les médias pro-régime avaient affirmé dimanche que les troupes gouvernementales se préparaient à l'assaut de cette métropole du nord pour y écraser la rébellion.

«Enfants torturés et exécutés»

Sur un autre front, l'armée et le Hezbollah libanais ont pris d'assaut le village de Husseiniyé, dans la province de Homs (centre), selon l'OSDH.

Husseiniyé se situe près de la région de Qousseir, tombée la semaine dernière aux mains de l'armée grâce notamment au Hezbollah, une participation dénoncée par les pays occidentaux et du Golfe et qui exacerbe les tensions confessionnelles en Syrie, pays à majorité sunnite, mais aussi au Liban.

Les hélicoptères du régime ont par ailleurs bombardé Aarsal, une localité libanaise servant, selon des experts, de relais pour l'acheminent d'armes et de rebelles. Paris et Washington ont dénoncé cette attaque à laquelle l'armée libanaise a assuré vouloir riposter si elle se répétait.

Le chef de l'opposition libanaise Saad Hariri a accusé pour sa part le Hezbollah d'être porteur d'un projet «destructeur» pour la coexistence entre les différentes confessions au Liban.

En Égypte, d'influents oulémas sunnites venant de plusieurs pays arabes ont appelé à mener le jihad en Syrie contre le régime «confessionnel» de Bachar al-Assad, et dénoncé l'appui fourni par le Hezbollah.

Depuis la chute de Qousseir, Washington, Paris, Londres, Ankara, Riyad, multiplient rencontres et contacts pour aider les rebelles. «Il faut qu'on puisse arrêter cette progression, avant Alep», avait souligné mercredi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

Selon une source occidentale, des représentants des pays pro-opposition vont rencontrer vendredi en Turquie le général Idriss, considéré comme un interlocuteur fiable par les Occidentaux. Il a besoin d'«argent, de munitions et d'armes» pour asseoir son leadership et gagner en crédibilité auprès des combattants sur le terrain, selon cette source.

Dans un nouveau rapport, la haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a dénoncé «les tueries incessantes» en Syrie.

Hormis les morts, elle a fait état «d'enfants torturés et exécutés, mais aussi de familles entières (...) massacrées». «Ces cas et le bilan très élevé de morts sont un terrible rappel du tour particulièrement vicieux qu'a pris le conflit», a déploré Mme Pillay.

Enfin, l'ONU a annoncé avoir demandé au gouvernement autrichien d'étaler jusqu'à la fin juillet le retrait de ses Casques bleus du plateau du Golan - décidé à la suite de combats entre l'armée syrienne et les rebelles -, afin de faciliter leur remplacement.