Des rebelles syriens ont brièvement pris le contrôle jeudi du point de passage de Qouneitra sur la ligne de cessez-le-feu avec Israël sur le Golan, avant d'être délogés par les forces du régime.

Cette attaque est intervenue au lendemain d'une victoire majeure des forces du régime à Qousseir, ancienne place forte des rebelles près de la frontière libanaise, reconquise avec l'appui de combattants du Hezbollah chiite libanais, après deux semaines de combats féroces.

Sur le plateau du Golan, «l'armée syrienne a repris le contrôle du passage. Il y a des bruits d'explosions de temps à autre, mais beaucoup moins que dans la matinée», a annoncé à l'AFP une source de sécurité israélienne sous le couvert de l'anonymat.

Un correspondant de l'AFP a confirmé la reprise du point de passage, précisant que des chars de l'armée syrienne circulaient dans le secteur.

Israël, officiellement en état de guerre avec la Syrie, occupe depuis la guerre de 1967 quelque 1200 km2 du plateau du Golan, qu'il a annexés, une décision que n'a jamais été reconnue la communauté internationale.

L'armée israélienne avait auparavant indiqué que le point de passage était tombé aux mains des rebelles et avait décrété le secteur zone militaire fermée.

Deux Casques bleus ont été légèrement blessés à la suite d'un bombardement sur le plateau du Golan, dans la zone de cessez-le-feu entre la Syrie et Israël, a indiqué jeudi un porte-parole de l'ONU.

«Les deux hommes ont été légèrement blessés à la suite de violents tirs intervenus dans la zone», a indiqué à l'AFP le porte-parole du département de maintien de la paix, Kieran Dwyer, sans préciser si l'incident était lié aux combats autour de Qouneitra.

Les violences autour de Qouneitra ont en revanche conduit l'Autriche à annoncer le retrait de ses 378 soldats membres de la Force des Nations unies pour l'observation du désengagement (FNUOD) déployée sur le Golan.

«Les événements de ce matin ont montré qu'une attente prolongée n'était plus tenable», ont indiqué Werner Faymann, chancelier, et Michael Spindelegger, vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères, dans un communiqué.

Dans le centre-ouest du pays, après avoir repris le contrôle de Qousseir, l'armée bombardait jeudi matin une ville voisine, où des centaines de civils et de blessés s'étaient réfugiés.

«L'armée bombarde Boueida al-Charqiyé avec des missiles», a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales civiles et médicales à travers la Syrie.

Avec la prise de Qousseir, le pouvoir apparaît résolument en position de force.

La Russie, un des derniers soutiens du régime syrien auquel elle fournit des armes, a salué un «succès incontestable», tout en soulignant que l'emploi de la force ne résoudrait pas tous les problèmes en Syrie.

Qousseir ravagée

Selon l'OSDH, la ville a été totalement ravagée par les combats.

«Qousseir est complètement détruite, complètement désertée», a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Des «atrocités» ont été commises à Qousseir et ne devront pas restées impunies, a affirmé Paris, qui «condamne avec la plus grande fermeté les exactions commises par le régime avec le soutien du Hezbollah» dans la ville.

La région de Qousseir est un carrefour des routes d'approvisionnement aussi bien pour l'armée que pour les rebelles. Elle se trouve en outre entre Damas et le littoral, fief de la minorité alaouite, branche du chiisme à laquelle appartient le président Bachar al-Assad.

Alors que le conflit ne cesse de s'aggraver, avec des soupçons d'usage d'armes chimiques et des risques croissants d'une contagion aux pays voisins, les États-Unis et la Russie ont tenu mercredi à Genève une réunion préparatoire en vue d'une conférence de paix internationale et doivent se revoir le 25 juin toujours à Genève. La conférence pourrait avoir lieu en juillet.

Depuis le début en mars 2011 d'une révolte qui a été réprimée dans le sang et a déclenché une guerre civile, les violences ont fait, selon l'OSDH, plus de 94 000 morts et poussé à la fuite près de six millions de personnes.

La France a indiqué par ailleurs avoir transmis aux États-Unis «toutes les informations» dont elle dispose sur le recours à du gaz sarin en Syrie.