Depuis peu, à Tel-Aviv, l'inquiétude est palpable et le malaise, permanent. De la terrasse des cafés aux journaux télévisés, la possibilité d'un nouvel affrontement avec la Syrie est sur toutes les lèvres.

Le gouvernement a récemment mis en place un programme national pour permettre à la population de s'exercer en cas de tirs de roquettes ou d'attaques chimiques. Dans les bureaux et les écoles, les Israéliens ont dû s'exercer au sauvetage de victimes et apprendre à se mettre à l'abri très rapidement.

«Avoir à faire ces exercices, c'est très mauvais signe», souligne Moshe Weiss, comptable à Tel-Aviv. «Même si les autorités tâchent de ne pas trop nous inquiéter, il est évident désormais que la situation peut dégénérer à tout instant», ajoute-t-il.

Et le ballet des hélicoptères et des avions qui survolent Tel-Aviv sans discontinuer en direction du nord sont loin de le rassurer. «Résultat, je me tiens prêt et j'écoute les informations presque toutes les heures sur la radio militaire pour suivre l'évolution de la situation en temps réel», note M. Weiss.

Échec diplomatique

Après plusieurs mois de relations diplomatiques tendues, la rupture semble donc définitivement consommée avec Damas. En cause, les récentes incursions de l'aviation israélienne sur le territoire syrien et le soutien militaire de la Russie au régime de Bachar al-Assad.

S'il n'a pas clairement confirmé la nouvelle, le dictateur n'a pas manqué d'instiller le doute à la fin de la semaine dernière sur la chaîne libanaise Al-Manar, proche du Hezbollah. «Tous les accords passés avec la Russie seront honorés», a-t-il affirmé. «Quelques-uns l'ont été dernièrement», a-t-il ajouté.

Ces déclarations sibyllines n'ont pas manqué de créer la polémique en Israël, tant elles témoignent d'un échec d'envergure sur le plan diplomatique pour l'État hébreu. Le 14 mai dernier, Benyamin Nétanyahou s'était lui-même rendu à Moscou pour s'entretenir avec Vladimir Poutine concernant la livraison de ces missiles sol-air.

Deux semaines plus tard, le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, avait également tenté d'infléchir, mais sans succès, la position russe en affirmant qu'Israël «saurait quoi faire» en cas de transfert d'armes à Damas.Ennemi juré du gouvernement israélien, le Hezbollah a également réaffirmé le 9 mai dernier son soutien indéfectible à Bachar al-Assad. Les combattants du mouvement islamiste continueront à se battre à ses côtés en Syrie. Mais ce n'est pas tout.

«Puisque la Syrie est restée aux côtés du Liban durant la guerre, nous allons rester à ses côtés et lui fournir un soutien militaire et logistique pour libérer le Golan occupé», a affirmé Hassan Nasrallah, secrétaire général de l'organisation.

Plateau occupé par Israël depuis 1967, le Golan est aujourd'hui un enjeu stratégique majeur pour deux armées sur le pied de guerre. «Pas un jour ne passe sans que nous ne soyons engagés dans un processus de prise de décision qui pourrait mener à une détérioration soudaine et incontrôlable de la situation sécuritaire», a déclaré à la presse le chef d'état-major israélien, Benny Gantz, en visite dans le Golan.

Une analyse à laquelle fait écho Itamar Lévy, étudiant à l'Université de Tel-Aviv. «Désormais, n'importe quelle manoeuvre militaire peut servir de prétexte à la Syrie au déclenchement d'une guerre. Il faudrait alors s'attendre à une pluie de roquettes sur Israël», dit-il.