Seize roquettes et obus de mortiers provenant de Syrie ont éclaté au Liban samedi; il s'agit de la plus importante salve transfrontalière à frapper un château fort du Hezbollah depuis que des rebelles syriens ont menacé de riposter à l'appui armé du groupe militant libanais envers le président syrien Bashar al-Assad.

Les roquettes ont ciblé la région de Baalbek, et représentent le plus récent signe que la guerre civile syrienne déstabilise de plus en plus le Liban voisin. Vendredi, le Parlement libanais a décidé de repousser de 17 mois les élections générales prévues pour juin, invoquant la détérioration de la situation au pays.

Au Qatar, un imam sunnite influent dont l'émission est regardée par des millions de personnes dans toute la région a alimenté les flammes d'un conflit sectaire déclenché par la guerre syrienne, et a pressé les sunnites de partout à se joindre au combat contre al-Assad.

Lors d'un rassemblement en faveur des rebelles syriens, plus tard, vendredi, il a dénoncé la secte alaouite à laquelle appartient le président syrien, une version de l'islam chiite, et l'a qualifiée de «plus infidèle que les chrétiens et les juifs».

Le conflit syrien, qui en est à sa troisième année, a pris un aspect sectaire sinistre. L'affrontement est passé d'une révolte locale à une guerre civile, et de plus en plus à une guerre par procuration.

Les rebelles majoritairement sunnites, appuyés par des États sunnites - Arabie saoudite, Qatar et Turquie - combattent un régime se basant sur l'appui des alaouites, chiites et chrétiens, et est aidé par l'Iran et le Hezbollah. Le conflit syrien s'inscrit par ailleurs dans une lutte entre l'Arabie saoudite et l'Iran pour l'influence régionale.

Des combattants sunnites d'Irak et du Liban sont venus prêter main-forte aux rebelles, tandis que des chiites d'Iran ont joint les rangs des troupes gouvernementales.

Les tensions sectaires se sont grandement accrues lorsque le Hezbollah est intervenu à la mi-mai au cours d'une offensive contre la ville rebelle de Qousseir, à environ 10 kilomètres du Liban. La ville est depuis devenue l'un des points centraux des affrontements, alors que la communauté internationale s'inquiète du sort des civils qui y seraient coincés.

Samedi, les Nations unies ont dit être «particulièrement alarmées» par des informations voulant que des milliers de civils soient bloqués à Qousseir, et que jusqu'à 1500 blessés aient urgemment besoin de soins médicaux.

L'ONU a réclamé un cessez-le-feu pour évacuer les blessés.

Au cours de la dernière semaine, les rebelles syriens ont par ailleurs tiré des dizaines de roquettes sur la région de Hermel, dans le nord-est du Liban, non loin de Qousseir, mais l'attaque de samedi était la première sur la région de Baalbek.

Samedi, toujours, des tireurs ont ouvert le feu sur un autel chiite dans la ville de Baalbek.