L'opposition syrienne s'est résolue jeudi à lever toute ambiguïté sur sa participation à une éventuelle conférence de paix internationale en assurant qu'elle ne s'y rendrait pas tant que l'Iran et le mouvement chiite libanais du Hezbollah soutiendraient le régime de Damas.  

«La Coalition nationale ne prendra part à aucune conférence internationale ou aucun autre effort de ce genre tant que les milices de l'Iran et du Hezbollah envahissent la Syrie», a déclaré son président par intérim George Sabra à la presse.

«Aujourd'hui, les vies des Syriens sont beaucoup plus importantes que n'importes quelles solutions politiques ou conférences internationales», a insisté M. Sabra, au huitième jour de la réunion de la Coalition à Istanbul.

Paralysée par les rivalités internes et la guerre d'influence que se livrent pour son contrôle ses principaux soutiens, l'Arabie saoudite et le Qatar, la Coalition ne s'était jusque-là pas déterminée avec précision sur sa participation à la conférence internationale dite de «Genève 2» initiée par la Russie et les États-Unis.

Mercredi soir, elle avait publié une déclaration très ambigüe, rappelant sa volonté absolue de considérer le départ du président syrien Bachar al-Assad et de ses chefs militaires du pouvoir comme la seule issue possible d'une négociation de paix, mais s'abstenant de se prononcer sur l'éventualité de s'asseoir à la même table de discussion que ses représentants.

Ce communiqué, avant même la déclaration de M. Sabra, avait suffi au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov pour accuser l'opposition syrienne de saper la conférence de paix en posant des conditions «irréalisables».

La mise au point de M. Sabra est intervenue alors que l'armée syrienne, épaulée par les combattants du Hezbollah, a annoncé avoir gagné du terrain contre les rebelles sur plusieurs fronts en Syrie.

«À la lumière de cette sauvagerie, toute discussion sur une conférence internationale ou un règlement politique en Syrie relève du bavardage insignifiant», a déclaré jeudi le président par intérim de la Coalition.

Dans un communiqué publié plus tôt jeudi, l'opposition syrienne a lancé un appel «urgent» pour que soient secourus un millier de civils blessés, piégés dans la ville de Qousseir (ouest de la Syrie, près de la frontière libanaise), théâtre depuis une dizaine de jours de violents combats entre rebelles et forces loyales au régime de Damas soutenues par le Hezbollah.

M. Sabra a lui aussi exhorté la communauté internationale, «particulièrement le groupe des pays Amis de la Syrie», à tout mettre en oeuvre pour interrompre l'avancée des forces loyalistes à Qousseir et autour de la capitale Damas.

Il a également appelé les Nations unies et la Ligue arabe à «agir immédiatement et sérieusement pour mettre un terme (...) à la poursuite des massacres».

«Nous ne pouvons comprendre ni accepter que des gens continuent à être tués d'une façon si cruelle pendant que la communauté internationale reste silencieuse», a plaidé M. Sabra.

Le chef par intérim de la Coalition a enfin renouvelé son appel pressant au président libanais Michel Sleimane pour qu'il intervienne et mette un terme à l'intervention des miliciens du Hezbollah. «Nous rappelons au président et au peuple du Liban qu'un parti qui participe à son gouvernement et est présent en son Parlement prend part à ce crime odieux», a déclaré M. Sabra.

Réunis depuis le 23 mai à Istanbul, les membres de la Coalition étaient toujours réunis jeudi après-midi dans un hôtel de la lointaine périphérie de la mégapole turque pour discuter de son élargissement, du choix d'un nouveau président et de la composition d'un gouvernement provisoire.