Depuis une semaine, l'armée syrienne tente de reprendre la ville stratégique de Qousseir, aux mains des rebelles depuis plus d'un an. Elle est aidée par le parti chiite libanais du Hezbollah, en première ligne dans les combats. Chaque camp tente d'abattre ses dernières cartes avant la tenue d'une conférence internationale sur la Syrie, qui devrait être organisée en juin.

Q: Pourquoi le Hezbollah a-t-il décidé de s'impliquer en Syrie?

R: Le Hezbollah est à la fois un acteur central de la politique libanaise représentant la communauté chiite et une milice armée créée en 1982 pour lutter contre Israël, qui dépend financièrement et militairement de l'Iran. C'est dans ce contexte que le «Parti de Dieu» a choisi de soutenir le régime de Bachar al-Assad, l'Iran étant l'un des fidèles alliés du régime syrien.

Le maintien du régime de Bachar al-Assad est crucial pour le Hezbollah, car les armes en provenance d'Iran transitent par la Syrie, et si un régime sunnite hostile aux chiites venait à remplacer le pouvoir actuel, il se verrait privé de son approvisionnement, dans l'optique d'un futur conflit avec Israël.

Q: Pourquoi la bataille d'Al Qousseir est-elle vitale?

R: Le président syrien a décrit la bataille d'Al Qousseir comme une bataille «décisive». La ville, qui a été conquise par les rebelles syriens en février 2012, se situe à un emplacement stratégique, à mi-chemin entre la frontière libanaise et Homs, symbole de la révolution syrienne et troisième ville de Syrie, où les rebelles détiennent encore quelques quartiers (Hamidiyeh, Khaldiyeh).

C'est par là qu'arrivent à Homs les armes en provenance du Liban, où les rebelles syriens disposent de solides appuis dans la communauté sunnite. La prise d'Al Qousseir pourrait entraîner un contrôle rapide de toute la région de Homs par le régime syrien.

Q: Qui prend l'avantage dans les combats?

R: La contre-offensive de l'armée syrienne dans la région d'Al Qousseir a en fait commencé depuis près d'un mois, avec la conquête de nombreux villages près de la frontière avec le Liban. La bataille pour le contrôle de la ville même a commencé il y a une semaine, avec l'engagement de nombreuses troupes du Hezbollah au sol, couvertes par l'aviation syrienne. Le régime syrien et son allié libanais y affrontent une dizaine de brigades, affiliées à l'Armée syrienne libre (ASL) ou aux jihadistes du front Al Nosra.

Abou Ali Harbi, à la tête de la brigade Al Wadi, l'une des principales unités salafistes engagées dans les combats, assure: «Nous contrôlons toujours le centre-ville et tout le nord-est de Qousseir. Le Hezbollah a surtout progressé au sud de la ville, par la prise de check points, et l'armée syrienne s'est renforcée à l'est, près de l'autoroute qui conduit à Damas.»

Q: Quelles sont les pertes du Hezbollah?

R: Le Hezbollah a reconnu la mort d'une vingtaine de combattants en Syrie ces derniers jours, dont l'officier Fadi al Jazzar, qui avait été emprisonné par les autorités israéliennes de 1990 à 2004 et relâché lors d'un échange de prisonniers.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme, proche de l'opposition syrienne, a affirmé que 31 des combattants du parti avaient trouvé la mort depuis dimanche, et 104 au total depuis le début de la révolution syrienne.

Q: Pourquoi cette bataille maintenant?

R: La bataille d'Al Qousseir intervient à un moment important. Le régime syrien souhaite disposer du maximum de cartes en main, à l'approche de la conférence internationale sur la Syrie, qui devrait s'ouvrir à la mi-juin à Genève. Sous l'égide des États-Unis et de la Russie, elle doit regrouper des partisans du régime et de l'opposition, afin de négocier une solution politique au conflit.