Des Iraniens sont présents aux côtés du Hezbollah libanais qui combat avec les troupes du régime syrien pour reprendre la ville stratégique de Qousseir, dans le centre de la Syrie, a indiqué mardi soir un haut responsable du département d'État américain.

«C'est la participation directe la plus visible du Hezbollah aux combats en Syrie, et nous avons compris qu'il y a aussi des Iraniens dans ce secteur», a affirmé ce responsable, qui a requis l'anonymat, aux journalistes accompagnant le secrétaire John Kerry à Mascate.

Le responsable américain, qui a affirmé tenir ses informations de chefs de l'Armée syrienne libre (rebelles), n'a pas pu donner d'estimation du nombre de combattants du Hezbollah ou d'Iraniens impliqués dans la bataille, ni du rôle exact joué par les Iraniens.

«Je ne sais pas s'ils (les Iraniens) sont directement impliqués dans les combats», a-t-il dit, dénonçant «l'implication directe d'étrangers sur le territoire syrien aux côtés du régime».

Quant aux combattants du Hezbollah, «ils sont directement engagés dans les batailles de rues», a ajouté le responsable, citant les chefs de l'opposition.

«Le rôle de l'Iran et du Hezbollah a augmenté de façon substantielle au cours des deux derniers mois», a encore dit ce responsable, au cours d'une conférence téléphonique.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 31 combattants du Hezbollah ont été tués depuis dimanche ainsi que 76 rebelles dans les combats à Qousseir, dans l'ouest de la Syrie.

«Le monde assiste en spectateur (...) et nous saurons s'ils commettent des massacres, et nous les en rendrons responsables», a encore dit le responsable.

L'opposition syrienne a mis en garde contre un massacre qui serait commis par le régime s'il parvenait à reprendre Qousseir.

Le Hezbollah inquiète Bruxelles et Washington



Le Hezbollah libanais a dépêché de nouvelles troupes d'élite pour s'emparer de la ville stratégique syrienne de Qousseir, l'intervention militaire directe du mouvement chiite en Syrie suscitant l'inquiétude des États-Unis tandis que l'UE envisage de mettre sa branche armée sur la liste des organisations terroristes.



Selon une source au sein des services de sécurité syriens, de violents accrochages se déroulaient mardi dans le nord de Qousseir où s'est regroupée la plus grande partie des insurgés.

«Au moins 31 combattants du Hezbollah ont été tués depuis dimanche ainsi que 68 rebelles» dans cette ville de la province de Homs, située dans l'ouest du pays, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dans ces combats, seulement «neuf soldats et trois miliciens pro-régime ont trouvé la mort, ce qui prouve clairement que c'est le Hezbollah qui mène l'assaut», a affirmé directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Quatre civils, dont trois femmes, ont également péri, a-t-il précisé.

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a lancé un cri d'alarme appelant à la protection des milliers de civils, beaucoup d'entre eux étant des enfants, pris au piège par les combats.

«La situation est désespérée» à Qousseir, a déclaré une porte-parole de l'UNICEF, Marixie Mercado, lors d'un point presse à Genève.

La télévision du Hezbollah a diffusé des images montrant des centaines de personnes participant lundi aux funérailles de cinq membres du mouvement chiite «qui accomplissaient le devoir de djihad».

Selon Rami Abdel Rahmane, la majorité des rebelles sont morts dans les bombardements tandis qu'une source proche du mouvement chiite a révélé à l'AFP que la majorité de ses victimes avaient été tuées par des engins piégés posés par les insurgés pour freiner l'avance du Hezbollah.

Cette source a précisé que de nouvelles troupes avaient été dépêchées pour combattre à Qousseir.

«Le Hezbollah a acheminé de nouvelles troupes d'élite. Il a fait de nombreux prisonniers parmi les rebelles, dont des non-Syriens», a ajouté cette source qui a requis l'anonymat.

Selon l'OSDH, les rebelles offrent «une résistance acharnée pour ne pas abandonner les 25 000 civils bloqués dans la ville, mais le Hezbollah et l'armée poursuivent un assaut de grande ampleur», a souligné M. Abdel Rahmane.

Qousseir est stratégique tant pour le régime que pour les rebelles, car cette ville contrôle la voie de passage des armes et des rebelles entre le Liban et la Syrie.

Pour Waddah Charara, professeur de sociologie à l'Université libanaise, le mouvement chiite libanais est impliqué dans «la bataille, car cette ville est la porte par laquelle passent les hommes et l'armement vers le nord du Liban et du nord du Liban vers la Syrie».

Or, explique l'auteur de L'État Hezbollah, «Tripoli est un bastion de l'opposition sunnite au Liban et en fermant cette porte il affaiblit ses principaux adversaires libanais, d'où l'importance de la prise de la ville».

Un civil a été tué à Tripoli dans des combats entre les quartiers sunnite et alaouite et des obus sont tombés à partir de la Syrie sur le village de Munayssa, dans la région à majorité sunnite de Wadi Khaled, blessant neuf personnes, dont une femme et deux enfants, a indiqué mardi un responsable local.

Le quotidien syrien proche du pouvoir Al-Watan titrait en une: Le drapeau syrien hissé sur les bâtiments gouvernementaux à Qousseir, la Turquie enflamme le front nord d'Alep avant la Conférence internationale.

Dans ce contexte de tension accrue, l'Union européenne envisage de mettre la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, à la demande du Royaume-Uni et les discussions sur cette question débuteront «début juin», selon des diplomates.

Pour sa part, le président américain Barack Obama a exprimé auprès du président du Liban Michel Sleimane ses inquiétudes sur la présence du Hezbollah en Syrie.

Pour Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques, l'opération militaire s'inscrit en vue de la conférence internationale prévue en juin à Genève.

«Elle vise à convaincre les autres parties (l'opposition et les rebelles) que l'option militaire ne pourra pas réussir».

Selon cet analyste syrien proche du pouvoir, «Qousseir était la route d'approvisionnement la plus dangereuse pour le régime en raison de sa localisation au centre du pays et sa proximité avec le Liban. Sa prise portera un coup très dur notamment aux rebelles».

Dans le sud, l'armée syrienne a affirmé mardi avoir détruit un véhicule israélien ayant dépassé la ligne de cessez-le-feu sur le plateau du Golan, ce qu'ont démenti les Israéliens.

L'Autriche a évoqué de son côté un retrait de ses soldats présents sur le plateau du Golan au sein de la Force des Nations unies pour l'observation du désengagement (Fnuod) en cas d'une levée de l'embargo sur les livraisons d'armes à l'opposition syrienne.