Des documents et des outils de tortures ont été découverts dans les locaux des services de sécurité de la ville de Raqa, montrant que des détenus y ont été torturés, a annoncé vendredi Human rights watch (HRW).

«Les documents, cellules, salles d'interrogatoire et outils de tortures que nous avons vus dans les locaux des services de sécurité du gouvernement correspondent aux tortures évoquées par d'anciens détenus depuis le début du soulèvement en Syrie», a déclaré Nadim Houry, un responsable de HRW.

La ville de Raqa, dans le nord de la Syrie, est devenue en mars la première capitale provinciale conquise par les rebelles au détriment du régime.

HRW, qui a surveillé les violations des droits de l'Homme commises par le régime et par les rebelles depuis le début du conflit en mars 2011, a aussi appelé les groupes d'opposition contrôlant désormais la ville à protéger les éventuelles preuves de tortures et détentions arbitraires dans les locaux des forces de sécurité.

«La destruction ou la manipulation malheureuse de ces documents et éléments affaibliront la possibilité que ceux qui sont responsables de crimes si graves soient un jour traduits en justice», a souligné HRW.

«Apprendre la vérité sur le rôle des services de sécurité pour espionner et terroriser les Syriens leur permettra d'éviter de tels abus à l'avenir», a espéré M. Houry.

Parmi les outils de tortures retrouvés, le «bsat al-reeh», souvent cruciforme, «utilisé selon d'anciens détenus pour immobilier et étirer à l'extrême ou tordre des membres».

Selon Lama Fakih, une enquêtrice d'HRW qui a interviewé nombre d'anciens détenus depuis le début du conflit, «se retrouver au coeur même des locaux rend les choses beaucoup plus réelles».

«Nous savons que des gens continuent à (...) subir de telles pratiques», a-t-elle ajouté, soulignant que beaucoup des détenus entendus par son organisation étaient «des militants pacifiques qui ont réellement été maltraités».

Un ancien détenu a expliqué à HRW que lui et son frère avaient été torturés «à tour de rôle».

«Ils ont commencé à le torturer avec de l'électricité pendant trois, quatre heures, puis ils l'ont jeté dans une cellule d'isolement», a déclaré cet homme de 24 ans identifié comme Ahmed.

«Ils voulaient que je leur dise qui venait manifester avec moi.. Et ils me faisaient entendre les cris de mon frère. C'était plus de pression NDLR que d'être battu. Ils me forçaient à l'écouter» en train d'être torturé, a-t-il raconté.

HRW a établi en juillet un état des lieux de ce que l'organisation basée à New York a qualifié d'«archipel de la torture» en Syrie, où des dizaines de milliers de personnes seraient détenues et maltraitées.