La rébellion syrienne a promis de punir les auteurs d'exactions après le tollé suscité par une vidéo montrant un insurgé éviscérant un soldat, au moment où Damas excluait toute discussion autour du sort du président Bachar al-Assad.

La vidéo, dont l'authenticité n'a pu être vérifiée, a suscité une vague de condamnations internationales, les États-Unis se disant «horrifiés» et l'ONU appelant à saisir la Cour pénale internationale.

L'opposition y a vu un acte «horrible et inhumain», tandis que rebelles et militants ont dénoncé une atteinte à l'image de la «révolution».

«Le coupable sera puni sévèrement même s'il s'agit d'un membre (de la rébellion)», a indiqué dans un communiqué le commandement de l'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion.

Il a par ailleurs annoncé une enquête et assuré que «les auteurs» seraient arrêtés et jugés.

Interrogé via Skype par le magazine américain Time, le rebelle, identifié comme Khalid al-Hamad, assure avoir agi de la sorte après avoir découvert dans le téléphone portable du soldat tué des vidéos montrant ce dernier «humiliant» une femme nue et ses deux filles.

Sur les images, il découpe le coeur et le foie du soldat avant de lancer: «Nous jurons devant Dieu que nous mangerons vos coeurs et vos foies, soldats de Bachar».

«Oh héros (...), massacrez les alaouites et découpez leur coeur pour le manger», ajoute ce sunnite, comme l'écrasante majorité des insurgés, faisant référence à la minorité à laquelle appartient M. Assad.

«Personne ne peut justifier de tels actes ignobles», a affirmé à l'AFP Anas Abou Zeid, commandant rebelle à Raqqa (nord).

Selon un porte-parole du département d'État américain, les rebelles ont assuré à Washington que ce «genre d'agissements n'était pas représentatif de la grande majorité de l'opposition armée».

Conférence sur la Syrie en juin?

Sur le front diplomatique, Washington a précisé les contours d'une conférence internationale sur la Syrie qui pourrait se tenir en juin à Genève.

Moscou et Washington ont appelé à cette conférence pour trouver une solution politique à ce conflit qui a fait plus de 94.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Washington a appelé M. Assad à saisir cette occasion pour venir s'asseoir à une table de négociations avec la rébellion, mais a fait savoir qu'il ne pourrait pas participer à un futur gouvernement de transition.

Or le régime syrien a d'ores et déjà exclu toute discussion sur le sort du chef de l'État, estimant que cette question était du ressort «du peuple syrien et des urnes», en référence à la présidentielle de 2014, tandis que le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a affirmé que la Syrie et ses alliés refusaient «tout diktat».

L'opposition a, elle, posé le départ de M. Assad comme une condition sine qua non pour tout règlement.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a appelé l'opposition à soutenir les efforts de Moscou et de Washington pour organiser la conférence.

«Il est important que tous les participants à la réunion expriment un soutien clair à l'initiative russo-américaine destinée à mettre en oeuvre le communiqué de Genève», a déclaré M. Lavrov, cité par les agences russes.

La Coalition de l'opposition doit se réunir le 23 mai à Istanbul (Turquie) pour discuter de cette question.

Sur le terrain, l'armée tentait de repousser un assaut des rebelles contre la prison d'Alep (nord), l'une des plus grandes du pays où sont détenus des milliers de personnes, selon l'OSDH.

À Damas, une personne a été tuée dans l'explosion d'une bombe magnétique fixée à une voiture sur la place ultra-sécurisée des Omeyyades, selon la même source.

En outre, au moins quatre personnes ont été tuées dans des bombardements de l'armée sur le secteur du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, selon l'OSDH.

Et des combats avaient lieu dans les provinces de Damas, Hama et Homs (centre), ainsi que celles d'Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud).

Les communications téléphoniques et internet sont coupées, selon l'agence officielle Sana.

Deux projectiles tirés de Syrie sont par ailleurs tombés dans un secteur du mont Hermon, point culminant du Golan occupé par Israël, sans faire de victime, selon l'armée israélienne.

Les violences ont fait au moins 38  morts, selon un bilan provisoire de l'OSDH.