Les journalistes qui couvrent la crise en Syrie sont victimes tant du régime que des rebelles, assure Amnesty International, déplorant ces agressions que l'organisation qualifie de «crimes de guerre».

«Nombre de journalistes, présents en Syrie pour rapporter les violations des droits de l'Homme commises dans ce pays, ont été tués, arrêtés de manière arbitraire, détenus, victimes de disparition et de tortures depuis deux ans», affirme cette organisation internationale à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse vendredi.

Dans un rapport intitulé: «Tirer sur le messager: les journalistes sont visés par toutes les parties en Syrie», l'organisation de défense des droits de l'Homme note que «les abus commis tant par les autorités syriennes que par des groupes armés d'opposition, font de la Syrie un pays très dangereux pour les journalistes qui y travaillent».

Pour Amnesty, «les journalistes ne sont pas les seuls civils menacés en Syrie, mais jusqu'à présent au moins 36 d'entre eux sont morts dans ce qui apparait comme des attaques ciblées».

Selon Reporter sans frontières (RSF), le nombre de morts dans les rangs des journalistes est impressionnant: en deux ans, 23 d'entre eux ont été tués et 58 journalistes-citoyens ont subi le même sort. Ces derniers sont des partisans de la rébellion qui décrivent et filment le quotidien des villes assiégées et bombardées qu'aucun journaliste étranger ne peut atteindre, diffusant leurs informations via les réseaux sociaux.

«Nous avons pu relever en détail la manière dont toutes les parties dans ce conflit violent les lois de la guerre, même si les abus commis par les forces gouvernementales sont plus importants», a affirmé Ann Harrison, directrice adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Elle rappelle à ce propos que «les attaques contre des civils, dont les journalistes, sont des crimes de guerre, et ceux qui les commettent doivent être traduits en justice».

«Combien faut-il de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité soient commis avant que le Conseil de sécurité de l'ONU saisisse le procureur de la Cour internationale de justice (CIJ)», s'insurge-t-elle.

Le Conseil de sécurité est profondément divisé sur la crise syrienne, entre d'une part les Occidentaux qui appuient les rebelles et d'autre part la Russie, notamment, qui soutient le régime.